Après une longue hésitation, des amis m’ont convaincu de publier mes carnets de voyage. C’est donc ici qu’ils prendront place, au moins ce blog servira à quelque chose ! Ces carnets sont issus des notes que je prends presque quotidiennement en voyage (souvent dans les transports) et relatent les expériences heureuses ou malheureuses, les moments partagés avec les rencontres de passages, les visites etc. C’est ainsi l’occasion pour vous de découvrir ce qui se cache derrière les beaux clichés que je peux ramener. La réalité est souvent plus dure ! Je m’attarde souvent à décrire et raconter l’histoire des lieux et villes que je traverse ainsi que la personnalité des personnes que je rencontre et la vie quotidienne du backpacker.

Que ces récits servent d'expériences à tous les voyageurs itinérants comme moi qui aiment parcourir le monde.

9.3.08

Compte Rendu de la sortie Terrain sur les agricultures spécialisées

Sujets abordés : extension du maraîchage dans le Val nantais, la crise du vignoble (Muscadet), l’urbanisation des communes rurales de la seconde couronne de l’agglomération nantaise, les risques d’inondation.

Le val nantais est une région à la géologie complexe et aux influences multiples qui ont forgés des sociétés et des structures agraires particulières et différenciées. Le val nantais est unes zone de contact entre les influences bretonnes, vendéennes et ligériennes qui marquent les paysages et le bâtit de cet espace.

Histoire : l’implantation de l’agriculture dans le pays nantais, 2 espaces, 2 sociétés
La plaine alluviale basse (3-8 mètres d’altitude) fut la plus anciennement peuplée. Située entre la Loire et les coteaux, ses habitants, les vallias, formaient une petite paysannerie propriétaire qui cultivaient déjà des légumes, du tabac, des céréales dans un but commercial. Dés les récoltes, les paysans vendaient leurs productions sur les places nantaises s’assurant un apport d’argent régulier. La construction navale à Nantes formait également un débouché à la culture du chanvre. Les habitants de la vallée étaient donc des paysans-marchands modernes qui se déplaçaient souvent pour vendre leur production. Cette structure agraire se traduisait par un morcellement très important de la plaine en exploitations d’environs 4 ha par famille. Les formes d’habitat étaient denses avec une grande imbrication des maisons et bâtiment agricoles des différentes exploitations et se traduit toujours par la présence de petits villages dans toute la vallée. L’utilisation de la tuile en Sud-Loire montre les influences poitevines sur les constructions de l’époque. Les toits d’ardoise étaient réservés à la classe bourgeoise qui habitaient des maisons sur cave ou sur levé encore visible pour se protéger des inondations. On remarque également l’influence architecturale ligérienne avec les encadrements d’ouvertures en tuffeau.
Les plateaux (40-50m d’altitude) formés de landes furent défrichés au Moyen-Âge pour les cultures. Ils appartenaient à des châtelains (13 à la Chapelle Basse Mer) qui louaient leur terre à des fermiers et des métayers. La situation des paysans du plateau était donc beaucoup moins enviable que celle de la vallée. Ils étaient sous la dépendance de leur propriétaire et l’élevage ne leur apportait de l’argent que saisonnièrement. Les exploitations étaient plus vastes (10-20 ha) et les bâtiments se trouvaient au centre de l’exploitation formant un habitat très dispersé.

Ces 2 sociétés voisines se côtoyaient peu et cela se traduit toujours par des oppositions politiques.











les cultures maraîchères vues du coteau de l'Epine







Dans les années 60, la modernisation de l’agriculture va bouleversée le paysage du Val Nantais.
Les spécialisations maraîchères vont s’installer dans la plaine et le plateau va se couvrir de vignes.
La plaine alluviale reste un milieu fragile soumis aux inondations. La construction d’une digue va avoir pour but de protéger les cultures contre les crues de la Loire. Les premiers acteurs de l’aménagement de la vallée seront les propriétaires fonciers qui créeront un syndicat pour le drainage de la vallée et la construction de la digue. La digue sera payée au 2/3 par les propriétaires, le reste incombant aux collectivités. Mais sa lente dégradation va pousser le conseil général à l’acquérir en 1987, il dépensera 20 millions € pour sa restauration.
De la fin de la 2ème Guerre Mondiale aux années 80, les acteurs étaient les maraîchers eux-mêmes qui œuvraient à l’assèchement de la plaine et à son irrigation. Ils vont ainsi fonder une coopérative pour soutenir les ventes de leur production sur le marché. Aujourd’hui les acteurs de l’aménagement sont les collectivités territoriales qui s’occupent de la gestion de l’eau et des nouveaux problèmes d’urbanisation.
Avant les années 90 les productions étaient assez variées et comportaient 6-7 légumes. La crise de la carotte nantaise devant la concurrence landaise (exploitations beaucoup plus grandes adaptées à la mécanisation) va favoriser l’agrandissement des parcelles et la spécialisation. La modernisation de l’agriculture va s’accompagner de la mécanisation en 1990 et de l’artificialisation du milieu avec les serres. Le maraîchage employait jusqu’à Une personne par hectare soit la moitié de la population des communes de la vallée en 1962. Le maraîchage est constitué de 2 types de cultures, le maraîchage sous serre pour la tomate, le concombre et le maraîchage de plein champ pour la mâche, le poireau, le radis.
La mâche va constituer un déboucher intéressant grâce à la croissance de sa consommation (multiplié par 6 en une dizaine d’année). Elle n’a pas d’exigence pédologique particulière contrairement aux légumes-racines (carotte, poireau…) qui ont besoin d’une terre profonde, chaude et légère. La mâche peut pousser sur 2 cm de sable (60 tonnes de sable par hectare !) et demande peu d’eau. Cette culture peut se pratiquer en hors-sol sur une dalle de béton et peut donc s’installer sur le plateau. Le plateau offre d’ailleurs l’avantage de parcelles beaucoup plus grandes. Le Val Nantais produit aujourd’hui 90% de la mâche française.
Pour 30 000 tonnes de : mâche : 3000 ha de surface
poireau : 700 ha
tomate : 75 ha

L’enjeu de la digue aujourd’hui
L’urbanisation croissante de la plaine pose la question de la sécurité des populations vis-à-vis des inondations. La digue de la Divatte a été construite entre 1846 et 1856 pour protéger les cultures et non les populations, ce qui est différent ! Autrefois les habitants les parties les plus élevées de la plaine, c'est-à-dire l’espace jouxtant la digue paradoxalement le plus proche de la Loire ! Cette bande se situe à 7-8 mètres d’altitudes tandis que le pied du coteau n’est que de 4-5 mètres !
La crue de référence est celle de 1910 où la cote avait atteint 9,40 mètres (échelle de la Pierre Percée) et 8,60 mètres en plaine.
Deux phénomènes peuvent provoquer l’inondation de la plaine :
- la rupture de la digue comme en 1856 et 1910.
- la résurgence d’une nappe d’eau dans les espaces les plus bas de la plaine (1936).

La crue de 1982 avait le même débit qu’en 1910, pourtant l’eau a atteint 1,40 mètres de moins qu’en 1910. Cette différence est due à l’encaissement du lit mineur de la Loire.
- Pendant 30 ans les hommes ont prélevé des quantités phénoménales de sable : l’équivalant de 4 siècles de sédimentations. Ce sable a servi à la construction et à l’agriculture, il est aujourd’hui prélevé sur la côte.
- De plus on a surcreusé le lit de la Loire pour le passage de bateaux toujours plus volumineux au niveau du port de Nantes à Montoir.
- La sédimentation étant toujours aussi importante on a cherché un moyen « naturel » de nettoyer le lit de la Loire en augmentant son débit. Des seuils rocheux ont été dynamités pour faciliter l’écoulement du fleuve.
- Le fleuve est également endigué sur une grande partie de son cours.
Ses aménagements parfois irraisonnés ont eu de lourdes conséquences sur le Fleuve :
- On a observé une érosion croissante des berges, les îles de la Loire disparaissaient, les plages ont disparu, l’affouillement des digues, des pieds de pont est généralisé (écroulement d’un pont à Tours). Pour faire face à l’érosion on a enroché une grande partie des berges et des îles mais ces aménagements restent fragiles.
- La marée se fait sentir jusqu’à Ancenis, l’eau de mer perturbe l’écosystème de la Loire et a posé des problèmes d’approvisionnement en eau potable de la ville de Nantes, le prélèvement s’effectue maintenant à Mauves-sur-Loire, plus en amont.

Le Plan de Prévention des Risques (PPR) voté en 1995 mais appliqué en 2001 cristallise les contradictions d’intérêts collectifs ou individuels. L’enjeu foncier reste très important pour certaines communes. A Saint-Julien-de-Concelles, l’arrivé du PPR à vu suivre une frénésie de construction et de réaménagement de parcelles avec la Loi SRU (Solidarité Renouvellement Urbain) avec un redécoupage permettant de construire plus de maisons. Les normes urbanistiques ne sont pas adaptées au milieu. Le PPR oblige la construction d’un étage par construction pour s’abriter en cas de crue. Cette disposition semble pertinente en région méditerranéenne lors de crue éclaire mais est totalement dépassé pour les lentes crues océaniques ! Depuis 2003, les constructions portant des plaquettes sur la mémoire des crues ont l’obligation de les conserver.

L’urbanisation de la seconde couronne périurbaine de Nantes
La ville de Nantes a toujours eu un développement déséquilibré entre les deux rives de la Loire. Le deuxième pont sur la Loire (pont de Pirmil) ne fut construit qu’en 1966. Le sud de la Loire était surtout voué à l’agriculture et comptait un réseau dense de petits bourgs. Les bords de Loire furent dans les années 60 un lieu apprécier par les citadins en fin de semaine comme le signal les nombreuses maisons de vacances le long de la Digue de la Divatte (elles portent des noms). Les villages étaient animés par les bars, restaurants et guinguettes en bord de plage sur la Loire. Aujourd’hui l’accroissement des mobilités à favoriser le développement de la côte Atlantique toute proche et les bords de Loire ont perdus leur animation. De nouveaux aménagement dans les années 80 ont permis de se réapproprier les bords de Loire notamment à la Chapelle-Basse-Mer. Le village de La Pierre Percée accueil des espaces verts et un petit port de plaisance ainsi que les fêtes communales.
Le phénomène de périurbanisation commença à affecter l’agglomération dés 1975 avec le développement des villes de Rezé, Saint-Sébastien ou Basse-Goulaine. Les constructions de ponts successives ont alors accompagné le développement de l’urbanisation au Sud de la Loire. La croissance de l’urbanisation fut vraiment explosive à partir de 1998 en particulier dans les communes rurales de la couronne périurbaine. Les communes sont passées de 3000 habitants à 5 voir 6000. Ces extensions urbaines se composent presque exclusivement de maisons individuelles, ce qui modifie totalement la structure traditionnelle des villages au bâtit groupé. L’habitat dense des villages est conservé et souvent rénové mais ne correspond pas toujours aux aspirations des citadins voulant un vaste espace autour duquel ils y érigeraient leur maison. Les quartiers de maison individuelle se sont donc développés aux dépens de l’agriculture. La commune de la Chapelle-Heulin à modifier son Plan Local d’Urbanisme (PLU) pour rassembler les parcelles constructibles et limiter l’urbanisation sauvage des villages alentours pour concentrer les constructions.

La crise de la viticulture : cas d’une exploitation de la Chapelle-Heulin au cœur du domaine viticolele vignoble et le marais de Goulaine


Le vignoble Nantais s’étend au Sud de l’agglomération et se singularise par la production de Muscadet sur 11 500 ha aujourd’hui avec 800 viticulteurs. Cet espace constitue la plus grande appellation de France.
On compte 8 siège s’exploitation agricole dans la commune, toutes sont viticoles. L’exploitant est associé à un groupement d’exploitation agricole, le domaine initial était de 12 ha agrandi par la suite à 25 ha. Le nombre d’exploitant a diminué régulièrement ce qui a permis l’agrandissement des exploitations. La viticulture est une activité fragile fortement liée aux aléas climatiques et à la conjoncture économique. Dans les années 80 l’augmentation de la consommation a provoqué la hausse des prix de vente : le Muscadet qui valait 1250 Francs/barrique (unité encore utilisé en viticulture) en 1985 est monté à 2800 F/b en 1991 ! La surproduction dans la décennie 90 a nettement inversé la tendance où les prix ont chuté à 1500 F/b. En 2007 les prix de vente sont de 1750 F/b mais les coûts de production s’élèvent à 2000 F/b, les exploitants vendent donc à perte. Un certain nombre de producteurs ont fait faillite et les exploitants procèdent maintenant à l’arrachage de la vigne. En 1990 le vignoble nantais a atteint 13 000 ha et le plan de restriction décida de l’arrachage de 3000 ha (1 500 ha arraché actuellement).
Les viticulteurs ne travaillent pas seul en total autonomie, ils sont obligés d’intégré des associations pour trouver des acheteurs et faire connaître leur production. Les viticulteurs adoptent aujourd’hui différentes stratégies pour vendre leur production. Beaucoup font le pari de la qualité pour atteindre de nouveaux marchés en adoptant des chartes de qualité : Agriculture Raisonnée, Agriculture Biologique, Agriculture Biodynamique (en fonction de la position des astres, Label Demeter)… Les exploitants souhaitent de plus en plus adopter les traitements phytosanitaires en fonction des besoins et non plus en fonction de la norme. L’association Terra Vitis regroupe des vignerons de toute la France autour d’une charte favorisant une viticulture raisonnée (10% des exploitations du vignoble nantais). Les viticulteurs ont de plus en plus de mal à amortir les coûts de leur exploitation et se regroupent en Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC), une véritable société qui organise le travail. La Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) permet également de limiter les coûts avec la mise en commun du matériel de production.


Schéma de synthèse


Le Val Nantais sur Google maps