Par Sébastien Godet, étudiant en géographie 3ème année à l'IGARUN
Ces derniers temps, un petit pays a souvent été cité dans les journaux du monde entier : la Géorgie. En effet, elle a un face à face tendu avec la Russie ce qui a conduit à de nombreux morts. Le différent est l'Ossétie du Sud qui est une région souhaitant être intégrée à la Russie afin de se rattacher à l'Ossétie du Nord. Or la Géorgie ne peut pas accepter cette demande car suivrait un enchainement en cascade qui pourrait entrainer la mort de ce pays. C'est pourquoi nous allons tenter de voir les nombreuses divisions internes dans ce pays ainsi que les diverses raisons de l'affrontement Russie/Géorgie qui dépasse cette géopolitique régionale.
La Géorgie est un pays (69700Km2) grand comme l'Irlande, et récent puisqu'elle n'a obtenu son indépendance que le 9 avril 1991 en raison de l'effondrement de l'URSS. Elle se situe dans le Caucase où une multitude de groupes ethniques coexiste. Ainsi, 30% de sa population représente des minorités ethniques : 8% d'Arméniens, 6% de Russes, 6% d'Azéris ainsi que d’importants groupes d’Ossètes, de Grecs et d’Abkhazes. Le contact entre ces minorités et les géorgiens est souvent tendu pour diverses raisons que nous allons étudier par la suite.
Lors de l'indépendance, la Géorgie a été déchirée par la guerre civile en étant exposée aux mouvements séparatistes de régions où se trouvent de nombreux non géorgiens. Ces mouvements avaient commencé dès la mise en place par Mikhail Gorbatchev de la Glasnost (transparence). En effet, les Abkhazes et les Ossètes avaient réclamé, grâce à cette politique, davantage d'autonomie. Ceci créa des tensions avec les Géorgiens qui se sont accrues en 1989 avec le « vote » d'une loi par le soviet suprême soviétique qui donna un statut supérieur à la langue géorgienne par rapport aux langues des minorités ethniques. Ceci engendra donc un rapport dominé/dominant.
En 1990, l'Ossétie du Sud se proclama république souveraine. Mais le soviet suprême géorgien refusa ce qui entraîna un conflit interne. Ce dernier n'a été « résolu » que par le maintien d'une force de la paix constituée de Russes, d'Ossètes et de Géorgiens.
Le 9 avril 1991, la Géorgie se déclara indépendante. Un 2ème conflit interne survint en juillet 1992 quand l'Abkhazie se déclara indépendante. Par conséquent, des combats opposèrent les Abkhazes aux Géorgiens. Malheureusement pour les Géorgiens, les Abkhazes reçurent beaucoup de soutien des peuples caucasiens ce qui provoqua la perte de beaucoup de terrain pour les Géorgiens. Un cessez-le-feu fut déclaré en juillet 1993. Mais les Abkhazes ne le respectèrent pas : expulsion de la milice géorgienne et de 200000 résidents géorgiens en octobre 1993 en Abkhazie. C'est pourquoi le gouvernement géorgien adhéra à la CEI (Communauté des Etats Indépendants) le même mois, afin d'obtenir le soutien de l'armée russe. En échange, la Géorgie autorisa en février 1994 que la Russie maintienne 3 bases militaires sur son territoire. Malgré tout les Géorgiens n'arrivèrent pas à stopper le conflit avec les Abkhazes, et furent forcés à laisser une grande autonomie à cette région. Sous l’impulsion de Moscou, une déclaration de paix fut signée en août 1997 entre la Géorgie et les séparatistes abkhazes. Néanmoins, cette paix demeura fragile puisque par exemple, le 9 février 1998, Édouard Chevardnadze (président de la Géorgie) échappa à un attentat à Tbilissi.
Une 3ème région géorgienne aurait pu également entré en conflit avec les Géorgiens au début des années 1990. Il s'agit de la Djavakhétie où beaucoup d'Arméniens y sont présents. Mais il n'y eut aucun conflit malgré les tensions. En effet, les Arméniens s'étaient déjà engagés dans un conflit avec l'Azerbaïdjan au sujet de l'enclave du Haut-Karabagh que l'Arménie souhaitait rattacher à son territoire car beaucoup d'Arméniens y vivent. Ce conflit dura 3 ans (1991 à 1994) et se solda par un statu-quo. Si les Arméniens étaient rentrés en conflit avec les Géorgiens, ceci aurait probablement ébranlé la Géorgie qui devait faire face déjà à 2 conflits au Nord de son territoire (l'Abkhazie et l'Ossétie-du-Sud).
L'un des principaux problèmes de la Géorgie qui explique une partie des raisons qui poussent des régions à devenir séparatistes, est l'intégration des minorités ethniques. En effet, 1/3 de sa population est non géorgienne. Or, la Géorgie n'a pas beaucoup progressé dans leur intégration au pays ce qui conduit à des mouvements séparatistes allant jusqu'à la guerre civile comme nous l'avons vu précédemment. Or, ces dernières années n'ont pas amenées de grands changements. Une nouvelle loi sur l'autonomie locale a bien été adoptée en 2005, mais une grande partie des pouvoirs reste aux mains de l'administration régionale et des autorités de Tbilissi. De plus, la connaissance du géorgien (langue officielle) est indispensables pour accéder à des postes dans l'administration publique, pour étudier... Or, le plus grand problème des minorités est leur incapacité à parler la langue de l'Etat. C'est pourquoi, des revendications ont été faites par les régions séparatistes au sujet de la lutte pour la pérennité des langues minoritaires. Pourtant, la Géorgie a contracté des engagements à l’égard du Conseil de l’Europe lors de son adhésion en 1999 sur la charte du respect des minorités mais elle ne respecte pas toutes les résolutions. Le russe (bien mieux compris par les minorités) serait la solution mais les dirigeants géorgiens veulent avoir le minimum de liens avec la Russie et donc ne souhaitent pas faire de la langue russe la 2ème langue officielle. Ainsi la langue crée bien ici un effet dominant/dominé.
La Géorgie qui a déjà une situation interne délicate comme nous l'avons vue, a également une situation externe complexe qui s'est accrue ces dernières années suite aux élections législatives de novembre 2003 où l'on a parlé dans les médias de la « révolution des roses ». En effet, cet événement politique a eu un changement important entre les relations de la Géorgie avec les autres pays puisqu'il y a eu une nouvelle orientation dans sa politique étrangère.
Ainsi, en novembre 2003, les élections législatives sont dénoncées par l'opposition qui les juge frauduleuses. Elle appelle la population à descendre dans la rue et à exiger la démission du président Édouard Chevardnadze. Après 2 semaines de manifestations, la population l'obtient pacifiquement. Ceci a permis à Mikhaïl Saakachvili (pro européen) d'être élu président de la République de Géorgie en janvier 2004. Cette « révolution des roses » a été soutenue par les Etats Unis et par l'UE par l'intermédiaire de leurs responsables politiques mais aussi de leurs ONG et de leurs médias. Cela a été un coup difficile à accepter pour la Russie puisqu'elle a vu la Géorgie, l'un de ses proches étrangers, s'éloigner davantage d'elle. En effet, Son influence s'affaiblit dans ce pays qui était déjà membre d’un programme de partenariat pour la paix (accord de coopération militaire limitée) avec l’OTAN en 1994, puis membre du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie : pays contestant la CEI) en 1997 qui est une organisation régionale soutenue par les USA, et enfin en 1999 il est devenu le 41ème État membre du Conseil de l’Europe. Enfin, les États-Unis, engagés dans une lutte contre le terrorisme ont envoyé en 2002 des experts militaires, de l'équipement et un contingent de soldats en Géorgie (où ils suspectent l’infiltration de membres du réseau Al Qaida), ce qui atteste de la perte d’influence de la Russie dans la région.
Cependant, même si la Russie a perdu une bonne partie de son soft power (puissance douce qui influence les pays par la langue, la culture, l'économie, la diplomatie... en contradiction avec le hard power qui est la puissance militaire), elle reste un partenaire obligé pour la Géorgie qui souffre d'un grave déficit énergétique et qui reste très dépendante de ses approvisionnements. Pourtant, la Géorgie a été la république la plus prospère de l’URSS. Mais depuis son indépendance, sa situation économique n’a cessé de se détériorer en raison des troubles politiques et des dépenses occasionnées par son engagement militaire dans ses régions séparatistes. De plus, les tensions ethniques, les difficultés de normalisation des relations avec la Russie nuisent aux investissements étrangers, malgré la mise en place d’une législation libérale.
Toutefois, la Géorgie tente aussi de diminuer l'influence de la Russie dans son économie. En 1998, elle a signé un accord de coopération avec la Turquie, l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan, pour la construction d’un oléoduc stratégique pouvant transporter jusqu’à un million de barils par jour, reliant Bakou (Azerbaïdjan) à Ceyhan (Turquie) en passant par Tbilissi (Géorgie). L’ouverture officielle de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) le 25 mai 2005 permet à la fois de réduire la dépendance énergétique de la Géorgie à l’égard de la Russie et d’instaurer un climat de stabilité et de sécurité dans la région. D'ailleurs, la fonction de pays transitaire constitue le fondement de la valeur économique et géostratégique de la Géorgie à laquelle le blocus de l’Arménie par les deux principaux clients (Azerbaïdjan car Haut Karabegh et Turquie car génocide arménien en 1915) apporte une plus-value non négligeable. La Géorgie espère devenir un carrefour des routes du pétrole et du gaz en acheminant les ressources du bassin de la Caspienne vers le marché européen ce qui réduirait aussi sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Or, le conflit russo-géorgien qui se déroule actuellement remet en cause la position de la Géorgie comme pays transitaire puisqu'elle n'est plus un pays stable. En effet, « la réputation de la Géorgie comme route alternative sécurisée pour les pipelines acheminant le pétrole et le gaz d’Asie centrale à la Méditerranée a été compromise », a déclaré le 11 août Robert Johnson, directeur de l’énergie et des ressources naturelles au cabinet-conseil américain d’analyse des risques Eurasia Group. « Si vous supprimez l’option géorgienne de la table… ça fait le jeu de la Russie, car la plupart des autres options viables passent par le territoire russe ». Gazprom (le géant russe du gaz et du pétrole) pourrait donc être le grand bénéficiaire de ce conflit. Les candidats à la présidence américaine (le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama) ont d'ailleurs dénoncé l’objectif caché de la Russie dans ce conflit armé : rayer la Géorgie de la carte énergétique, et imposer ainsi la Fédération de Russie comme seul et unique territoire de transit des hydrocarbures en provenance des pays producteurs d’Asie centrale et du Caucase. Ceci permet à cette dernière de retrouver un peu de la puissance de l'URSS tout en lui apportant un supplément économique. La Russie reste dans sa nostalgie de sa grandeur passée. Un soldat russe a d'ailleurs dit, dans un reportage d'envoyé spécial fait par la journaliste Manon Loiseau, que la Russie est « un ours endormi qui peut se réveiller à chaque instant » comme elle le prouve dans ce conflit. C'est pourquoi, certains médias reparlent du mot Guerre froide car il y a un face à face aussi entre la Russie et les Etats Unis qui soutiennent le président géorgien Mikhail Saakachvili. D'ailleurs, les soldats géorgiens dont certains ont participé à la guerre en Irak, sont équipés d'un matériel dernier cri puisqu'il leur est fourni par les Etats Unis. Toutefois on ne peut pas parler de Guerre froide car la Russie n'est plus une grande puissance et elle a très peu d'allié maintenant : par exemple, les pays de l'Asie centrale et la Chine qui forment avec la Russie la coopération de Shanghaï ne soutiennent pas la Russie dans ce conflit.
Ce conflit russo-géorgien est dans le même temps une guerre civile entre Ossètes et Géorgiens qui débouche sur une épuration ethnique puisque les milices ossètes font la loi derrière les lignes russes et sont même devenues incontrôlables pour la Russie. Ainsi, elles enlèvent leurs plaques d'immatriculation (parfois sous les yeux des soldats russes qui n'interviennent pas) afin d'éviter les poursuites judiciaires, et instaurent la terreur en fusillant et en enlevant des Géorgiens, en brûlant leurs maisons. Elles disent se venger des bombardements géorgiens sur l'Ossétie du Sud. En effet, ce sont les Géorgiens qui ont commencé à employer la force ce qui a eu pour conséquence la réponse russe pour soutenir les Ossètes. Or, en Ossétie du Sud, une force de maintien de la paix comprenant 1/3 de Russes, 1/3 d'Ossètes et 1/3 de Géorgiens est présente depuis l'indépendance de la Géorgie. Cette dernière est donc remise en cause. De plus, les Ossètes sont déterminés à ne plus vivre avec les Géorgiens auxquels ils vouent une haine qui conduit à l'épuration ethnique. Or, il y a 30% de mariage mixte en Géorgie ce qui pose un autre problème.
Ainsi, la Géorgie est un petit pays qui connait de nombreux problèmes géopolitiques qu'ils soient internes et externes depuis son indépendance, et qui se sont accrus depuis la « révolution des roses » qui a provoqué un changement dans sa politique étrangère ce qui a déplu à la Russie. En ce qui concerne les minorités ethniques l'un des principaux problèmes est qu'elles se sentent des citoyens de seconde zone comme nous l'avons vu avec le problème de la langue qui entraîne des dominés et des dominants.
La Géorgie est un pays (69700Km2) grand comme l'Irlande, et récent puisqu'elle n'a obtenu son indépendance que le 9 avril 1991 en raison de l'effondrement de l'URSS. Elle se situe dans le Caucase où une multitude de groupes ethniques coexiste. Ainsi, 30% de sa population représente des minorités ethniques : 8% d'Arméniens, 6% de Russes, 6% d'Azéris ainsi que d’importants groupes d’Ossètes, de Grecs et d’Abkhazes. Le contact entre ces minorités et les géorgiens est souvent tendu pour diverses raisons que nous allons étudier par la suite.
Lors de l'indépendance, la Géorgie a été déchirée par la guerre civile en étant exposée aux mouvements séparatistes de régions où se trouvent de nombreux non géorgiens. Ces mouvements avaient commencé dès la mise en place par Mikhail Gorbatchev de la Glasnost (transparence). En effet, les Abkhazes et les Ossètes avaient réclamé, grâce à cette politique, davantage d'autonomie. Ceci créa des tensions avec les Géorgiens qui se sont accrues en 1989 avec le « vote » d'une loi par le soviet suprême soviétique qui donna un statut supérieur à la langue géorgienne par rapport aux langues des minorités ethniques. Ceci engendra donc un rapport dominé/dominant.
En 1990, l'Ossétie du Sud se proclama république souveraine. Mais le soviet suprême géorgien refusa ce qui entraîna un conflit interne. Ce dernier n'a été « résolu » que par le maintien d'une force de la paix constituée de Russes, d'Ossètes et de Géorgiens.
Le 9 avril 1991, la Géorgie se déclara indépendante. Un 2ème conflit interne survint en juillet 1992 quand l'Abkhazie se déclara indépendante. Par conséquent, des combats opposèrent les Abkhazes aux Géorgiens. Malheureusement pour les Géorgiens, les Abkhazes reçurent beaucoup de soutien des peuples caucasiens ce qui provoqua la perte de beaucoup de terrain pour les Géorgiens. Un cessez-le-feu fut déclaré en juillet 1993. Mais les Abkhazes ne le respectèrent pas : expulsion de la milice géorgienne et de 200000 résidents géorgiens en octobre 1993 en Abkhazie. C'est pourquoi le gouvernement géorgien adhéra à la CEI (Communauté des Etats Indépendants) le même mois, afin d'obtenir le soutien de l'armée russe. En échange, la Géorgie autorisa en février 1994 que la Russie maintienne 3 bases militaires sur son territoire. Malgré tout les Géorgiens n'arrivèrent pas à stopper le conflit avec les Abkhazes, et furent forcés à laisser une grande autonomie à cette région. Sous l’impulsion de Moscou, une déclaration de paix fut signée en août 1997 entre la Géorgie et les séparatistes abkhazes. Néanmoins, cette paix demeura fragile puisque par exemple, le 9 février 1998, Édouard Chevardnadze (président de la Géorgie) échappa à un attentat à Tbilissi.
Une 3ème région géorgienne aurait pu également entré en conflit avec les Géorgiens au début des années 1990. Il s'agit de la Djavakhétie où beaucoup d'Arméniens y sont présents. Mais il n'y eut aucun conflit malgré les tensions. En effet, les Arméniens s'étaient déjà engagés dans un conflit avec l'Azerbaïdjan au sujet de l'enclave du Haut-Karabagh que l'Arménie souhaitait rattacher à son territoire car beaucoup d'Arméniens y vivent. Ce conflit dura 3 ans (1991 à 1994) et se solda par un statu-quo. Si les Arméniens étaient rentrés en conflit avec les Géorgiens, ceci aurait probablement ébranlé la Géorgie qui devait faire face déjà à 2 conflits au Nord de son territoire (l'Abkhazie et l'Ossétie-du-Sud).
L'un des principaux problèmes de la Géorgie qui explique une partie des raisons qui poussent des régions à devenir séparatistes, est l'intégration des minorités ethniques. En effet, 1/3 de sa population est non géorgienne. Or, la Géorgie n'a pas beaucoup progressé dans leur intégration au pays ce qui conduit à des mouvements séparatistes allant jusqu'à la guerre civile comme nous l'avons vu précédemment. Or, ces dernières années n'ont pas amenées de grands changements. Une nouvelle loi sur l'autonomie locale a bien été adoptée en 2005, mais une grande partie des pouvoirs reste aux mains de l'administration régionale et des autorités de Tbilissi. De plus, la connaissance du géorgien (langue officielle) est indispensables pour accéder à des postes dans l'administration publique, pour étudier... Or, le plus grand problème des minorités est leur incapacité à parler la langue de l'Etat. C'est pourquoi, des revendications ont été faites par les régions séparatistes au sujet de la lutte pour la pérennité des langues minoritaires. Pourtant, la Géorgie a contracté des engagements à l’égard du Conseil de l’Europe lors de son adhésion en 1999 sur la charte du respect des minorités mais elle ne respecte pas toutes les résolutions. Le russe (bien mieux compris par les minorités) serait la solution mais les dirigeants géorgiens veulent avoir le minimum de liens avec la Russie et donc ne souhaitent pas faire de la langue russe la 2ème langue officielle. Ainsi la langue crée bien ici un effet dominant/dominé.
La Géorgie qui a déjà une situation interne délicate comme nous l'avons vue, a également une situation externe complexe qui s'est accrue ces dernières années suite aux élections législatives de novembre 2003 où l'on a parlé dans les médias de la « révolution des roses ». En effet, cet événement politique a eu un changement important entre les relations de la Géorgie avec les autres pays puisqu'il y a eu une nouvelle orientation dans sa politique étrangère.
Ainsi, en novembre 2003, les élections législatives sont dénoncées par l'opposition qui les juge frauduleuses. Elle appelle la population à descendre dans la rue et à exiger la démission du président Édouard Chevardnadze. Après 2 semaines de manifestations, la population l'obtient pacifiquement. Ceci a permis à Mikhaïl Saakachvili (pro européen) d'être élu président de la République de Géorgie en janvier 2004. Cette « révolution des roses » a été soutenue par les Etats Unis et par l'UE par l'intermédiaire de leurs responsables politiques mais aussi de leurs ONG et de leurs médias. Cela a été un coup difficile à accepter pour la Russie puisqu'elle a vu la Géorgie, l'un de ses proches étrangers, s'éloigner davantage d'elle. En effet, Son influence s'affaiblit dans ce pays qui était déjà membre d’un programme de partenariat pour la paix (accord de coopération militaire limitée) avec l’OTAN en 1994, puis membre du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie : pays contestant la CEI) en 1997 qui est une organisation régionale soutenue par les USA, et enfin en 1999 il est devenu le 41ème État membre du Conseil de l’Europe. Enfin, les États-Unis, engagés dans une lutte contre le terrorisme ont envoyé en 2002 des experts militaires, de l'équipement et un contingent de soldats en Géorgie (où ils suspectent l’infiltration de membres du réseau Al Qaida), ce qui atteste de la perte d’influence de la Russie dans la région.
Cependant, même si la Russie a perdu une bonne partie de son soft power (puissance douce qui influence les pays par la langue, la culture, l'économie, la diplomatie... en contradiction avec le hard power qui est la puissance militaire), elle reste un partenaire obligé pour la Géorgie qui souffre d'un grave déficit énergétique et qui reste très dépendante de ses approvisionnements. Pourtant, la Géorgie a été la république la plus prospère de l’URSS. Mais depuis son indépendance, sa situation économique n’a cessé de se détériorer en raison des troubles politiques et des dépenses occasionnées par son engagement militaire dans ses régions séparatistes. De plus, les tensions ethniques, les difficultés de normalisation des relations avec la Russie nuisent aux investissements étrangers, malgré la mise en place d’une législation libérale.
Toutefois, la Géorgie tente aussi de diminuer l'influence de la Russie dans son économie. En 1998, elle a signé un accord de coopération avec la Turquie, l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan, pour la construction d’un oléoduc stratégique pouvant transporter jusqu’à un million de barils par jour, reliant Bakou (Azerbaïdjan) à Ceyhan (Turquie) en passant par Tbilissi (Géorgie). L’ouverture officielle de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) le 25 mai 2005 permet à la fois de réduire la dépendance énergétique de la Géorgie à l’égard de la Russie et d’instaurer un climat de stabilité et de sécurité dans la région. D'ailleurs, la fonction de pays transitaire constitue le fondement de la valeur économique et géostratégique de la Géorgie à laquelle le blocus de l’Arménie par les deux principaux clients (Azerbaïdjan car Haut Karabegh et Turquie car génocide arménien en 1915) apporte une plus-value non négligeable. La Géorgie espère devenir un carrefour des routes du pétrole et du gaz en acheminant les ressources du bassin de la Caspienne vers le marché européen ce qui réduirait aussi sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Or, le conflit russo-géorgien qui se déroule actuellement remet en cause la position de la Géorgie comme pays transitaire puisqu'elle n'est plus un pays stable. En effet, « la réputation de la Géorgie comme route alternative sécurisée pour les pipelines acheminant le pétrole et le gaz d’Asie centrale à la Méditerranée a été compromise », a déclaré le 11 août Robert Johnson, directeur de l’énergie et des ressources naturelles au cabinet-conseil américain d’analyse des risques Eurasia Group. « Si vous supprimez l’option géorgienne de la table… ça fait le jeu de la Russie, car la plupart des autres options viables passent par le territoire russe ». Gazprom (le géant russe du gaz et du pétrole) pourrait donc être le grand bénéficiaire de ce conflit. Les candidats à la présidence américaine (le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama) ont d'ailleurs dénoncé l’objectif caché de la Russie dans ce conflit armé : rayer la Géorgie de la carte énergétique, et imposer ainsi la Fédération de Russie comme seul et unique territoire de transit des hydrocarbures en provenance des pays producteurs d’Asie centrale et du Caucase. Ceci permet à cette dernière de retrouver un peu de la puissance de l'URSS tout en lui apportant un supplément économique. La Russie reste dans sa nostalgie de sa grandeur passée. Un soldat russe a d'ailleurs dit, dans un reportage d'envoyé spécial fait par la journaliste Manon Loiseau, que la Russie est « un ours endormi qui peut se réveiller à chaque instant » comme elle le prouve dans ce conflit. C'est pourquoi, certains médias reparlent du mot Guerre froide car il y a un face à face aussi entre la Russie et les Etats Unis qui soutiennent le président géorgien Mikhail Saakachvili. D'ailleurs, les soldats géorgiens dont certains ont participé à la guerre en Irak, sont équipés d'un matériel dernier cri puisqu'il leur est fourni par les Etats Unis. Toutefois on ne peut pas parler de Guerre froide car la Russie n'est plus une grande puissance et elle a très peu d'allié maintenant : par exemple, les pays de l'Asie centrale et la Chine qui forment avec la Russie la coopération de Shanghaï ne soutiennent pas la Russie dans ce conflit.
Ce conflit russo-géorgien est dans le même temps une guerre civile entre Ossètes et Géorgiens qui débouche sur une épuration ethnique puisque les milices ossètes font la loi derrière les lignes russes et sont même devenues incontrôlables pour la Russie. Ainsi, elles enlèvent leurs plaques d'immatriculation (parfois sous les yeux des soldats russes qui n'interviennent pas) afin d'éviter les poursuites judiciaires, et instaurent la terreur en fusillant et en enlevant des Géorgiens, en brûlant leurs maisons. Elles disent se venger des bombardements géorgiens sur l'Ossétie du Sud. En effet, ce sont les Géorgiens qui ont commencé à employer la force ce qui a eu pour conséquence la réponse russe pour soutenir les Ossètes. Or, en Ossétie du Sud, une force de maintien de la paix comprenant 1/3 de Russes, 1/3 d'Ossètes et 1/3 de Géorgiens est présente depuis l'indépendance de la Géorgie. Cette dernière est donc remise en cause. De plus, les Ossètes sont déterminés à ne plus vivre avec les Géorgiens auxquels ils vouent une haine qui conduit à l'épuration ethnique. Or, il y a 30% de mariage mixte en Géorgie ce qui pose un autre problème.
Ainsi, la Géorgie est un petit pays qui connait de nombreux problèmes géopolitiques qu'ils soient internes et externes depuis son indépendance, et qui se sont accrus depuis la « révolution des roses » qui a provoqué un changement dans sa politique étrangère ce qui a déplu à la Russie. En ce qui concerne les minorités ethniques l'un des principaux problèmes est qu'elles se sentent des citoyens de seconde zone comme nous l'avons vu avec le problème de la langue qui entraîne des dominés et des dominants.
Bibliographie
-> Site du monde diplomatique
-> Cartes des éditions Atlas
-> Reportage d'envoyé spécial sur France 2
Quelques cartes du Monde Diplomatique