II. La dynamique de périurbanisation moteur des transformations des campagnes des villes.
1) La Gourmette : une localisation dictée par la croissance de Nantes
L’ancienneté du centre équestre La Gourmette (1902 !) est un témoignage remarquable de la croissance du fait urbain nantais. En effet la localisation de ce centre équestre n’a pas arrêté d’évoluée durant le 20ème siècle et son implantation fut conditionnée par l’évolution de l’urbanisation de l’espace rural à proximité de la ville.
La création du regroupement de propriétaires et de passionnés de chevaux est un fait résolument urbain. La ville était l’espace de travail et la campagne l’espace de loisir pour les citadins. La première localisation du centre équestre La Gourmette fut un prés à la confluence de la Sèvre et de la Loire à proximité immédiate du pôle urbain nantais par la première ligne de pont. Le site fut alors racheté par la ville de Nantes pour y installer un abattoir puis cet espace accueilli les Nouvelles Cliniques Nantaises. Le centre équestre se déplaça alors au Nord-ouest de l’agglomération, à l’angle actuel du boulevard des Américains et de la rue de la Gourmette mais il fut une nouvelle fois rattrapé par l’urbanisation et le site fut vendu pour la construction d’un séminaire en 1911. Le centre équestre se déplaça donc une troisième fois à Saint-Herblain le long de la vallée de la Chézine puis enfin en 1968 à la sortie de Sautron. La Gourmette c’est donc déplacé et éloigné petit à petit du centre ville de Nantes et toujours par l’achat de terres agricoles à un exploitant.
Sautron qui n’était qu’un simple village dans le milieu du 20ème siècle a eu une croissance spectaculaire dans les années 1960 avec une croissance de la population supérieure à 11,5% entre 1968 et 1975 et qui c’est poursuivit les décennies suivantes. L’espace rural devint donc une campagne résidentielle avec le développement de lotissement. 96% des logements en espace périurbain sont des maisons individuelles ce qui participe aux transformations des paysages et des pratiques d’utilisation du sol. Mais ces nouveaux résidents sont bien souvent des citadins aux demandes et aux attentes bien spécifiques. Les campagnes des villes sont donc des espaces privilégiés pour l’implantation d’activités nouvelles comme des espaces de loisir ou des activités industriels en milieu rural. La ville de Sautron est l’exemple parfait de ces transformations d’usage du sol puisqu’elle accueille ces activités. L’espace périurbain de la ville de Sautron accueil des activités diversifiés de loisir comme un golf, un centre équestre ainsi qu’un parc d’attraction : les Naudières. Ces implantations s’expliquent par les opportunités foncières que l’on trouve en périphérie des grandes villes ainsi que les facilités d’accessibilité, ces activités sont à proximité directes de la route de Vannes (N165). De plus les habitants de Sautron ont un profil socioprofessionnel plutôt aisé avec une grande proportion de cadre et de profession intellectuelles supérieure ce qui élargit la clientèle potentielle. Les communes périphériques à l’entrée des grandes agglomérations se caractérisent également par l’importance des implantations industrialo-commerciales. Les zones d’activités de Tournebride Sud et de Pentecôte se localisent de part et d’autre de la ville le long de l’axe Nantes-Vannes.
La concurrence entre les espaces est donc très fortes dans les communes périurbaines et se fait toujours au dépend de l’activité agricole. Les espaces de loisirs, les implantations industrielles ainsi que les axes de communication prennent de plus en plus de place même si les villes essaient de conserver leurs paysages comme à Sautron avec la préservation de la vallée du Cens.
3) La double localisation des centres équestres à l’échelle régionale
L’espace rurale de loisir nantais est très particulier car il se prolonge à l’ouest avec la proximité du littoral. La région nantaise possède donc une double logique de localisation des activités de loisir et qui est très bien représentée par la répartition des centres équestres à l’échelle départementale. Sont figurés sur la carte les établissements du centre et de l’ouest de la Loire-Atlantique ainsi que du Nord de la Vendée car ils sont en relation directs avec la clientèle citadine de l’agglomération Nantaise. Nous distinguons donc deux pôles de concentration des centres équestres : le pôle périurbain nantais et le littoral particulièrement dans la région de La Baule et sur la côte vendéenne tandis que l’espace rural environnant est mois bien pourvu. Mais ces deux espaces ne répondent pas aux mêmes logiques de localisation. En effet le littoral bénéficie d’une double fréquentation. La clientèle est aussi bien hebdomadaire et composée de Nantais susceptible de posséder des maisons secondaires que saisonnière et estival pour les touristes de passage. C’est pourquoi la concentration sur la côte d’Amour (La Baule) est assez exceptionnelle grâce a la réputation nationale et internationale de ce littoral : 3 centres équestres à La Baule ainsi qu’à Guérande pour un total de 14 établissements dans toute la région nazairienne et littorale. Une grande partie du littorale est soumis à une forte pression humaine et particulièrement immobilière. Des grandes barres hotellières défigurent les paysages côtiers tandis que la construction des maisons secondaires empiète largement sur les espaces agricoles environnants.
L’espace est structuré par les axes de communication : le contournement de Sautron avec la N 165 et la route de Vannes autour desquels s’articulent des activités diversifiées : élevage, maraîchage (les parcelles claires) avec des serristes (en blanc), des activités industrielles et commerciales ainsi que le centre équestre La Gourmette.
L’exemple du Centre équestre La Gourmette est révélateur d’une activité implantée en zone rurale mais très liée à la présence d’un pôle urbain. Cette activité est l’initiative de citadins passionnés de chevaux qui travaillent dans l’agglomération nantaise et pratiquent leur passion dans l’espace périurbain qui a ici un but récréatif. Les relations avec la ville et l’espace rural sont donc très particulières. Mais peut-on dire que l’activité équestre est totalement déconnectée du monde agricole ? Non car il y a tout d’abord une dépendance foncière, le centre équestre c’est implanté sur des terres agricoles qu’il a aménagé pour accueillir et pratiquer le cheval. De plus toutes les activités professionnelles liées à l’entretient des animaux ont besoin de denrées alimentaires provenant de productions agricoles. Il ne faut pas non plus oublier la valeur paysagère des campagnes aujourd’hui. La pratique de l’équitation montre l’intérêt des citadins pour l’espace rural et sa préservation. Cependant l’espace rural périurbain est en perpétuelle évolution comme le montre les différentes localisations de la Gourmette. Ce tiers espace est aujourd’hui un espace composite dynamisé par de multiples activités souvent non agricole. Les grands axes de communications sont des lieux privilégiés pour ces activités s’écartent de la ville. D’espace productif, ces campagnes sont de plus en plus des espaces résidentielles. Les campagnes sont donc des lieux de vie attractifs comme l’approuvent 79% des citadins. Reste à savoir si les communes périurbaines sont les vraiment les espaces les plus appropriés pour vivre à la campagne.
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