D'après l'article de Claire Leduc parut dans l'Information géographique n°4, 2005 : Entre devoir de préserver et droits d'user, compromis territorial sur la côte mégalopolitaine.
Loin des vastes étendues sauvages et peu habités des grands parcs nationaux de l'Ouest Américain, de nouveaux espaces de préservations ont vu le jour dans les années 60 mais soumis à des contraintes très particulières car ces parcs sont pour la plupart des littoraux très urbanisés de la côte mégalopolitaine. C'est en particulier le cas du Cap Cod, cette longue péninsule au Sud de Boston maintenant protégé par le Littoral National (LN). Comment la préservation du parc naturel du Cap Cod, espace soumis à une forte pression humaine, peut-elle répondre aux enjeux de préservation et d'aménagement des multiples acteurs impliqués ?
Tout d'abord quel est le contexte de création du parc et son but ?
Le Cap Cod est une longue flèche sableuse qui s'enfonce d'une cinquantaine de kilomètre dans la mer modelé par le vent et les courants ce qui en fait un milieu mouvant et fragile. C'est également un espace fortement urbanisé où s'imbrique de façon complexe des propriétés privées bâties, des infrastructures et des espaces naturels (dunes, forêts, marais). Devant le développement exponantiel de construction résidentiel ces parcs nationaux seront d'abord des freins à l'urbanisation, en 1955 près de 85% du cap était privatisé ! Le Cap Cod va être attribué de 3 valeurs patrimoniales :
- une valeur naturelle pour la richesse de faune et de sa flore
- une valeur historique, le cap est un des lieux les plus anciennement colonisé par les migrants européens
- une valeur paysagère, lieu de ressource et de récréation pour les citadins.
Le parc est donc à l'intersection de considérations naturelles, humaines et sociales qu'il faudra tenir en compte dans son mode de gestion.
Le parc est donc à l'intersection de considérations naturelles, humaines et sociales qu'il faudra tenir en compte dans son mode de gestion.
La gestion du parc va s'avérer complexe à cause des conflits d'intérêts entre les divers acteurs.
L'acquisation des terres (55% des terres convoitées étaient privées) résultera d'un consensus entre les intérêts privés, les communes et le gouvernement fédéral. Le cadre législatif avec l'élaboration d'un plan d'occupation des sols rigoureux va permettre l'extension du parc et de limiter les usages sur le cap notamment en gelant le processus de périurbanisation.
Cependant la mise en place du parc va accroître la pression foncière en raison d'aménagements de plus en plus contrôllés. La population du Cap Cod a doublé en 40ans sur une surface réduite de moitiée ! Le parc stérilise le développement des communes souvent confrontées à l'exiguité des surfaces aménageables. Cette mauvaise prise en compte de la donnée humaine aboutit à terme a de réelles menaces sur l'avenir du parc :
- les aménagements susceptibles de freiner la forte érosion littorale sont refusés car contraire aux dynamiques naturelles.
- la rénovation des infrastructures élémentaires à la vie des habitants est limitée par le plan de gestion du parc, ainsi des pollutions des puits d'alimentations en eau potable ont été détectées à cause de leur proximité avec des systèmes sceptiques mal entretenus.
- le problème de la pollution atmosphérique est également récurrant à cause du voisinage d'une mégalopole de plusieurs millions d'habitants.
Enfin comment allier préservation et fréquentation touristique ?
La mise en valeur d'un site provoque inévitablement l'accroissement de sa fréquentation et souvent sa dégradation. Le Littoral National du Cap Cod accueille de 4 à 4,5 millions de visiteurs par an, presque autant que les grands parcs de l'ouest américains beaucoup plus étendus. Le parc doit donc canaliser un grand nombre de visiteurs et aménager des infrastructures en conséquences. Un golf, un camping, des milliers de places de parking, des voies de communications et bien d'autres infrastructures constituent alors des attributs dont la préservation aurait pu se passer...
La spécificité de ce parc national de proximité à également permit une gestion spécifique, différente des autres parcs nationaux. La prise en compte des pratiques locales a incité à conserver certaines activités, la chasse notamment. Les lobbies de protection de la nature ont alors relevé l'ambiguité du parc de "préserver le Cap Cod en l'état". Le conflit s'instaure entre la volonté de protection de l'environnement et le besoin de garder des pratiques héritées. Les nouvelles pratiques touristiques menacent également l'environnement par des activités dégradantes comme le jet-ski ou le tout-terrain sur les dunes qui n'ont plus aucun lien avec les traditions locales.
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Ces parcs nationaux ont des enjeux spécifiques du car ils sont soumis à une forte pression humaine. L'enjeu de leur gestion doit donc prendre en compte les environnementaux, sociaux et économiques. La multiplicité des acteurs fait naitre des conflits d'usage qui remettent en cause le rôle du Littoral National. Ce type de préservation souligne les difficultés toujours plus grandes de protection de la nature face à des groupes de pression puissants et des contraintes budgétaires qui limite l'action des parcs. Les entreprises de protection de la nature relèvent d'initiatives nationales et ont été largement développés dans les pays du Nord. Mais ces actions sont de plus en plus développées dans les pays du Sud.
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Le Cap Cod : une préservation complexe entre espace naturel et espace résidentiel
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