Après une longue hésitation, des amis m’ont convaincu de publier mes carnets de voyage. C’est donc ici qu’ils prendront place, au moins ce blog servira à quelque chose ! Ces carnets sont issus des notes que je prends presque quotidiennement en voyage (souvent dans les transports) et relatent les expériences heureuses ou malheureuses, les moments partagés avec les rencontres de passages, les visites etc. C’est ainsi l’occasion pour vous de découvrir ce qui se cache derrière les beaux clichés que je peux ramener. La réalité est souvent plus dure ! Je m’attarde souvent à décrire et raconter l’histoire des lieux et villes que je traverse ainsi que la personnalité des personnes que je rencontre et la vie quotidienne du backpacker.

Que ces récits servent d'expériences à tous les voyageurs itinérants comme moi qui aiment parcourir le monde.

24.2.11

Carnet de voyage Asie 6 : le Cambodge

28 juin : Siem Reap, 3033km
Un bus nous attend de bonne heure (comme d’habitude) pour nous conduire à Siem Reap, juste 6h de route pour se rendre de l’autre côté du Cambodge ! Petite ville de province artificiellement propre et tranquille près des temples prestigieux d’Angkor. La ville vit évidemment du tourisme bien que les rues paraissent bien désertes hors saison. Nous marchons dans le centre-ville et découvrons le temple bouddhiste de Siem Reap. Cela change radicalement du Vietnam. Ici couleur, exubérance et richesse forment un ensemble très hétéroclite de bâtiments et galeries.
Nous faisons la connaissance d’un jeune étudiant-moine qui s’intéresse aux étrangers pour pratiquer l’anglais. Son destin est bien loin d’envier les européens. Il faut 5 années d’études pour devenir moine. Méditation, apprentissage du bouddhisme bien sur, mais aussi cours d’anglais constituent son apprentissage. Notre venue a peut-être permis de rompre son quotidien. Paradoxalement son rêve d’avenir n’est pas de devenir moine. Après une dizaine d’année passée au temple il désire simplement aider les autres et enseigner la sagesse. Devenir moine n’est pas un repli sur soi, mais un moyen de s’intégrer dans une société où l’individu a beaucoup moins de place qu’en Europe.
Le soir venu nous rencontrons Phil, couchsurfeur australien installé au Cambodge pour poursuivre sa carrière de pilote d’hélicoptère. Survoler les temples d’Angkor tous les jours pour les touristes, c’est juste incroyable. Il nous donne le maximum de conseils pour profiter à fond de la visite des temples demain. Pendant ce temps c’est le déluge dehors (Photo 1). Une pluie diluvienne comme j’en ai rarement vu. En quelques minutes tout est inondé, même l’intérieur des restaurants. Premier essai du Poncho sous la douche cambodgienne, efficace.
Nous testons la gastronomie Khmère, très bon mais l’addition est salée : 3$ ! Siem Reap est sans aucun doute la ville la plus chère du Cambodge !

29 juin : les temples d'ANGKOR
Levé à 4h15 du matin pour savourer les premiers rayons du soleil sur les pierres d’Angkor. Notre tuktuk réservé la veille ne vient pas, il ne nous faut pas plus de 10 minutes pour embarquer dans un autre, ils circulent même en pleine nuit !
A l’aube l’ombre des temples est étonnante, on ne sait pas trop où on marche, les voies pavées sont défoncées. Et le soleil fait bientôt apparaître l’œuvre grandiose et gigantesque d’une civilisation de génies.
Angkor n’est pas constitué d’un seul temple, mais des milliers !!! 2000 temples éparpillés sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés forment le « complexe d’Angkor » où vivait 1 millions de personnes au 15e siècle.
Peu de mots pour tout décrire, cet ensemble figure parmi les plus grandes constructions humaines jamais réalisées. Ce qui est stupéfiant n'est pas uniquement la grandeur du site mais également la qualité des constructions. Chaque pierre parmi les milliers, voir millions utilisées est sculptée (Photo 2, détail d'Angkor Wat)! Les détails, bas reliefs, sculptures et peintures donnent véritablement l'ampleur du savoir-faire des khmères. La prospérité du peuple Khmère tient tout d'abord à la maîtrise de l'eau. De nombreux canaux et retenues (les barays) ont permis d'assurer des rendements agricoles capable de nourir une telle population, et pas exclusivement agricole ! Il a fallut nourir des milliers d'ouvriers pour construire ceci.


La période khmère s’étant du IXe au XVème siècle pendant lesquels les rois se sont succédés apportant leur religion.
Les premiers temples (IXe siècle) suivent la cosmologie Hindouiste, puis les influences bouddhistes (vers 1180 puis 1350), ce qui marque le style architectural des temples. La ville sera mystérieusement abandonnée vers 1430 et enseveli sous la forêt.

Angkor sera redécouvert du grand public (surement pas des locaux) lors de la colonisation de l'Indochine par les français. En 1871, le naturaliste Henri Mouhot explore la région et fait le récit de ses découvertes qui devriendront célèbres dans le monde.


Nous visitons tout d'abord Angkor Wat, temple le plus connu et le plus grand des temples, véritable montagne de pierre sortant du couvert végétal. Il est constitué de 3 enceintes carrées qui s'élèvent progressivement jusqu'au sanctuaire central et sa tour culminant à 58m au dessus du sol.

Le temple de Bayon (mon préféré, photo 4 ci-dessous) est encore plus étonnant. D'apparance plus modeste (150m de côté), c'est en fait un véritable labyrinthe de couloirs et galleries sur plusieurs niveaux, en raison de l'incroyable complexité de son plan. Il est troublant par les nombreux visages qui ornent ses tours.

Bon je ne vais pas tous les faire, il existe une bibliographie assez abondante sur le sujet !

Le soir rendez-vous avec Phil pour une soirée bière et billard.



30 Juin : retour à Phnom Penh, 3347km
Après 6 heures de bus en brousse, retour à Phnom Penh où nous attend Robert. Il nous prépare une soirée barbecue avec ses amis. A 8 sur le tuktuk de Mr Luang, on se rend dans un petit boui-boui où une grande table est dressée. Grande tablée pour d’autres expatriés australiens et Caroline, une couchsurfeuse anglo-australienne.
Repas délicieux : du bœuf assorti à de multiples assaisonnements. Encore de nombreuses rencontres et des parcours différents. Soirée arrosée de nombreuses bières et boissons locales.

20.2.11

Carnet de voyage Asie 5 : le delta du Mékong

26 juin : le delta du Mékong, 2439km
Réveillé à 6h30 avec un sacré mal de crâne. La déshydratation liée à l’alcool sous les tropiques est accentuée avec la chaleur.
Rendez-vous au célèbre Sinh Café pour un tour dans le delta du Mékong. Pour une fois nous avons réservé un trajet «tout compris» dans une agence de voyage afin de visiter le delta et traverser la frontière cambodgienne sans encombre. Nous arrivons à Cái Bè, dominé par son église catholique, pour prendre le bateau. Visite très touristique du delta où on nous fait découvrir l’artisanat et la gastronomie locale : thé au miel, caramel au coco, riz soufflé etc. On se suit à la queue-leu-leu derrière les comptoirs pour touristes. Déplorable.
Je fais toutefois la connaissance de 4 français venant d’arriver au Vietnam et qui commencent un stage à l’hôpital de Saïgon. Nous déjeunons sur l’île du Sinh Café avec animation musicale et crocodile du delta !
Après cette balade fluviale nous débarquons à Vĩnh Long pour reprendre la route qui nous mène à la frontière cambodgienne. Et oui le Cambodge c’est pour demain !
En chemin le bus s’arrête, nous traversons le principal bras du Mékong en ferry. Sous un ciel gris menaçant, les ombres des gros cargos sur le fleuve sont vraiment fantomatiques. On se rend compte ici de l'importance vitale du fleuve pour l'économie de la région. Les gros nuages noirs annoncent la fin de notre périple au Vietnam. Nostalgie et inquiétude pour la suite du voyage.
Sur l’autre berge Long Xuyên, grande ville du delta. La route est maintenant rectiligne jusqu’à Châu Đốc. Seul les très nombreux ponts viennent agrémenter le trajet : grosses secousses à chaque passage. A mesure que l’on avance le brouillard se fait de plus en plus dense et l’atmosphère très enfumée. Rien de naturel, les rizières brûlent une nouvelle fois, pour le plus grand malheur de nos poumons.
Arrivé à notre hôtel à Châu Đốc, Fatima nous fait sa crise car elle ne veut pas donner son passeport à la réception, elle aura finalement à faire à un policier assez troublé qu’on le dérange pour si peu ! Grosse fatigue qui nous fait coucher à 21h pour une fois.


27 juin : la remontée du Mékong jusqu'au Cambodge, 2719km
Réveillé tôt, 6h, pour visiter les villages traditionnels le long du fleuve. On embarque sur des pirogues pour se diriger vers un village flottant : des maisons posées sur l’eau qui vivent principalement de l’aquaculture. Les cages à poisson sont sous les maisons comme dans à Halong. Puis visite d’un village Cham sur le bord du fleuve. Les Chams sont un peuple venu d’Indonésie il y a longtemps, ils sont donc musulmans et les femmes portent le voile. Ils semblent vivre de la vente d’étoffes et de tissu encore fabriqués de manière artisanale. Les maisons sont sur pilotis et portent la marque du niveau des crues annuelles. Les pieux des maisons sont rectangulaires pour empêcher les serpents, je reste sceptique. Notre fameux guide qui nous hurle chaque phrase 3 fois (Don’t forget anything in the bus !) nous sépare du groupe restant au Vietnam.
Je quitte les français en stage à Saïgon, furtive rencontre comme d’habitude et donne mon dernier billet de 20 000D à la meneuse de notre embarcation. Maigre consolation pour des femmes s’éreintant à promener les touristes sur le fleuve. Puis nous embarquons une nouvelle fois pour nous perdre dans les méandres des multiples bras du fleuve.
1h30 d’attente à la frontière pour faire le visa cambodgien dans une petite cabane sur pilotis, stressant et épuisant. En plus de cela, la faim commence à se faire vivement sentir. J’ai donné l’argent de mon déjeuner et il ne me reste plus que des dollars en poche. Il faudra donc attendre le Cambodge pour échanger de l’argent. Nous changeons de bateau et de drapeau : pavillon Cambodgien !
Nous allons attendre de longues heures dans cette jonque aménagée. Chacun s’occupe comme il peut et s’approprie le petit espace de notre embarcation, c’est aussi l’occasion de faire le bilan sur ce premier pays traversé.
A peine deux semaines pour découvrir ce pays sur plus de 2000km, c’est court ! Trop court. Malgré tout, les paysages traversés et les gens rencontrés resteront des expériences inoubliables. Ce pays socialiste reste encore peu visité des étrangers. Même dans les lieux les plus touristiques, la foule était rare, privilège de voyager hors-saison à condition de supporter les 37°C journaliers ! Voyager au Vietnam n’est pas facile. Tout d’abord à cause de la barrière de la langue. Même en ville, peu de vietnamiens parlent anglais. Seul le personnel des hôtels et restaurants comprennent le minimum et encore … Nous avons également renoncé à prendre les transports locaux. Notre expérience à Halong en minibus nous a refroidit. Mieux vaut négocier un ticket de bus dans une agence de voyage pour être assuré d’un minimum de confort et de ponctualité ! Une certitude : à refaire pour explorer d’autres lieux magiques que nous n’avons pu visiter.
Nous regardons le Cambodge d’un œil encore distant, les rives semblent encore plus pauvres que celles du Vietnam. L’élevage semble plus important mais les bêtes n’ont que la peau sur les os. Les sourires et les signes de la main sont pour l’instant les seuls contacts que nous échangeons avec la population locale. Les temples tous dorés contrastent avec la pauvreté, cela rompt la monotonie du paysage.
Enfin après plus de 6h de navigation nous atteignons une berge sous une pluie battante. Arrivé au milieu de nulle part, dans la boue, apparemment dans la maison du propriétaire de l’embarcation. Nous sommes accueillis par un drôle de chauffeur de mini-bus qui semble s’amuser de trouver des touristes complètement déboussolés, ne sachant pas à quoi s’attendre. Plus que quelques heures et nous arriverons à Phnom Penh. La belle route bitumée du début se transforme en cauchemar à cause des travaux.
Première impression du pays biaisée par le temps. La poussière s’est transformée en boue alors évidemment l’image est peu reluisante. L’horizon laisse entrevoir de larges espaces déboisés qui semblent à peine cultivés. Tous les 10 km d’immenses temples aux toits d’or apportent une note d’exubérance parmi les teintes vertes et grises du paysage. Les habitations sont toutes sur pilotis alors que les rivières semblent loin. Doit-on s’imaginer cette plaine totalement submergée à la saison des pluies ?
Arrivé à Phnom Penh en partie inondé sous 5 à 10 cm d’eau. Nous essayons notre premier tuktuk, cette cariole poussée par une mobylette très populaire en Asie mais inconnue au Vietnam.
Il nous embarque avec peine jusqu’à notre prochaine adresse : la rue 111 ! Phonm Penh doit-être la seule ville au monde à ne pas avoir de nom de rue. Alors pour s’y retrouver il y a des numéros, c’est somme toute assez pratique.
Affamé, le petit-déjeuner matinal est descendu depuis longtemps et épuisé, nous rencontrons Robert, couchsurfeur australien d’une cinquantaine d’année. Ce businessman a pas mal baroudé et a traversé l’Asie du sud-est en vélo (Singapour-Cambodge). J’avoue que je ne demande qu’à manger et à trouver un repos bien mérité. Mais l’accueil chez un habitant n’est pas l’hôtel ! La rencontre avec nos hôtes nous obligent à nous adapter et à échanger même si on n’a pas trop la tête à ça après une journée d’aventure. Les rencontres sont l’essence même de notre voyage alors on oublie sa fatigue et on passe du temps à discuter.
Très attendu dîner dans un restaurant cambodgien, peu différent de la cuisine vietnamienne à part le prix, la soupe de noodles est à 6000 real ici (1,5$ alors que 40 000D au Vietnam, 2,2$).
Le sommeil ne se fait pas attendre après cette dure et longue journée. Repos de roi dans un petit palace très confortable au 7ème niveau d’un immeuble dominant la capitale.

Carnet de voyage Asie 4 : Đà Lạt et Saïgon

24 juin : Đà Lạt, 2029km

Une nouvelle nuit mouvementée dans le bus pour arriver à Nha Trang, grande station balnéaire du sud-Vietnam. L’arrêt sera court : une heure, avant de s’embarquer sur le fantastique route de montagne vers Dalat. La route est en partie défoncée sur la première partie du trajet. Nombreux travaux et terrassements, les vietnamiens ne font guère attention à leur environnement. Mon oeil de géographe constate l’érosion massive des versants qui laissent apparaître cette terre rouge caractéristique des sols tropicaux.
Arrivé sur le plateau nous traversons une forêt de serre, cette montagne est le jardin du pays grâce à un climat doux toute l’année ! Les français ont construit cette station d’altitude pour fuir la chaleur du delta du Mékong. Mais Dalat ne nous réserve pas le meilleur. A peine arrivé, c’est la galère pour trouver un hôtel, beaucoup de perte de temps dans une ville où nous allons rester qu’un après-midi ! Pas grand-chose à faire en ville, les travaux couvrent le centre-ville de poussière et de boue et le lac central est à sec.
Il y a finalement beaucoup plus à voir dans les environs, en partant on découvre de propres et agréables quartiers surplombant des vallées cachées dans des forêts de pin. Magnifique avec l’horizon des sommets surplombant le plateau.




25 juin : Saïgon, 2339km
Nous quittons Dalat pour la très longue route pour Saïgon. Paysage magnifique et route défoncée, très drôle. Cela ressemble souvent plus à une piste qu’à une route. Dommage que le bus ne s’arrête uniquement dans les endroits les plus chers. Premier stop : un centre commercial super clean, réservé à l’upper class vietnamienne ! Il semble qu’il n’y est pas de juste milieu entre les boui-bouis que l’on trouve dans la rue, fréquentés par la plupart des vietnamiens et les supermarchés pour riches. Deuxième stop dans un parc animalier bling-bling et son restaurant chicos. Niels et moi passons notre chemin, on essaiera de déjeuner moins cher ailleurs.
Nous descendons lentement le plateau en même temps qu’augmente la température. Des clochers d’église font leur apparition. L’héritage français a-t-elle laissé une ferveur catholique en Cochinchine ? Saïgon 44 km, la zone urbanisée commence ici et il nous a fallu plus de 2h pour arriver en centre-ville ! Les déplacements sont chaotiques et les premières grosses averses de notre voyage n’arrangent rien. Comment les grandes entreprises peuvent elles s’installer là ?
Arrivé à Saïgon, 8 millions d’âmes suspendues aux caprices du Mékong. Saïgon est la capitale économique du Vietnam et ça se voit ! Tours d’affaire, grand restaurants et beaucoup de touristes. Le Vietnam est véritablement coupé en deux entre le nord et le sud. L’Histoire a établit une division culturelle (la langue vietnamienne est sensiblement différente au Nord et au Sud) ainsi qu’économique. Les principes capitalistes se sont bien implantés au sud lors de l’occupation américaine ce qui explique la position commerciale de Saïgon aujourd’hui.
Ce soir nous dormons chez une célébrité : le 2ème plus grand couchsurfer de la planète ! Amériques, Europe, Asie, Adam a passé 5 ans de sa vie à voyager. Une vie de vagabond selon les rencontres et les opportunités. Il vit en colocation avec Steven et une autre amies, tous anglais et profs d’anglais ! Il n’est vraiment pas compliqué de trouver un job à l’étranger quand on parle la langue de Shakespeare.
Après les présentations nous allons passé la soirée dans le pub local, juste la porte à côté. Nous n’avons même pas la peine de nous reremplir les verres de bières, les serveuses le font à notre place. Les sauts de glace se vident sans que nous nous en rendons compte…
On prend finalement goût à cette ville malgré toutes les craintes que nous avions. Les européens ont ici un sacré mode de vie. Vivre de voyage, de rencontres, de plaisirs, ça laisse rêveur.

Carnet de voyage Asie 3 : centre du Vietnam

20 juin : la cité impériale de Huế, 988km
La lumière du jour nous réveille de bonne heure dans le bus au niveau d’une zone montagneuse donnant sur la mer. Les kilomètres défilent, enfin l’impression d’avancer après nos 3 jours dans le Nord. Les villages se succèdent, à l’ouest les montagnes énigmatiques cachent la frontière avec le Laos. Le Vietnam est très étroit à cet endroit, à peine 50 km. Nous nous arrêtons pour le petit-déjeuner au niveau de la DMZ, la zone démilitarisé au niveau du 17ème parallèle qui marquait la dangereuse frontière entre le Vietnam nord, communiste, et le sud « libre».
Arrivé à Hué, la capitale impériale du Vietnam. La ville fut la capitale de la dynastie des Nguyên de 1802 à 1945. Les empereurs ont façonné cette ville à leur image par d’importantes fortifications. La ville entière est close dans une enceinte fortifiée et protégée par des douves. A l’intérieur se trouve la cité impériale, où résidaient l’empereur et sa famille. C’était une véritable Cité interdite où peu de personnes pouvaient entrer. L’architecture est magnifique avec les toits relevés de style chinois. La grandeur du site ne donne qu’un petit aperçu de la splendeur d’antan. Beaucoup de bâtiments n’ont pas résistés aux bombardements de 1945. La conservation de ce site laisse pourtant à désirer. Dans l’enceinte de la cité impériale on trouve des cours de tennis et des habitations !
En cherchant une fameuse adresse culinaire dans notre guide nous perdons Fatima. Je reste avec Niels et nous mangeons dans un restaurant très sympathique : Lac Thiên (dans le Guide du Routard !) avec sa façon toute personnelle de décapsuler les bouteilles (une vis dans un bout de bois en guise de décapsuleur)! C’est ici aussi que nous goûtons à la Huda beer et sa fameuse Danish Technology, ce qui a bien fait rire mon camarade Danois. De toute façon avec cette chaleur, une bière fraîche n’est jamais mauvaise !
Hué est un véritable bol d’air, moins cher et moins fatigant que Hanoï ! Les bières sont à 10,000D (le double dans la capitale) et un repas coûte 15,000D !! Les gens eux-mêmes semblent plus chaleureux, ça rassure. Je profite avec Niels des scènes de rue : les gamins jouant au foot devant la citadelle (photo), les multiples vendeurs de jus de fruits qui vous préparent leurs smoothies avec les fruits frais etc.
Nous cherchons Fatima partout dans la ville et la retrouvons finalement à l’hôtel !


21 juin : Thuận An et Suoi Voi
Fatima a fait la rencontre d’un français hier soir, et ils se sont donnés rendez-vous ce matin au pont, pour partir en excursion … en scooter ! A 8h30 nous faisons la connaissance d’Anthony, un sudiste qui a migré à Paris et qui voyage seul à travers le Vietnam. On loue des motorbike à son hôtel (10$ par véhicule) pour un fantastique tour dans la campagne de Hué : 2 scooters pour 4 riders.
Les débuts sont périlleux comme d’habitude, j’étais le seul à avoir fait du scooter. Première galère : trouver de l’essence, les réservoirs sont vides !!! Mais bon allez demander en vietnamien où se trouve la station la plus proche ! Il y a bien les vendeurs de pétrole dans les bouteilles de pepsi le long de la route, mais cela ne va pas nous remplir notre réservoir. Finalement on trouve une station à la sortie de la ville. Et c’est partit vers la plage de Thuận An à l’est de Hué. Les touristes sont bienvenues en laissant leurs véhicules à l’ombre et en sécurité pour 5000D. Pour le parasol pareil ! Mais le décor est paradisiaque, palmier, eau rafraîchissante etc. 3 enfants sont venus nous rejoindre pour s’amuser. Galipette et bonne partie de rigolade ! Une approche pas tout à fait désintéressée puisqu’une fois sortie de l’eau, ils reviennent chargés de chips et snacks en tout genre. Joie et misère se côtoient tous les jours… Nous leur souhaitons bon courage et continuons notre route vers le sud.
Nous sommes sur un très long îlot coincé entre la lagune de Cầu Hai et la mer. Les villages se succèdent ainsi que des constructions étonnantes. On dirait des tombes perdues dans le sable tout le long de la route. Villages paisibles jusqu’à notre pause-déjeuner dans une bâtisse juste avant le pont au bout de l’île. Nous mangeons le traditionnel phở, une soupe de noodles avec du boeuf et la fameuse Huda beer à 6000D ! Excellent avec des gens très aimables surpris de voir 4 étrangers perdus au milieu de nulle part ! On était, à coup sur, l’animation de la journée. La bière fait son effet, attention avant de reprendre la route.
On reprend la piste direction les montagnes qui se reflètent dans la lagune. Passage du pont entre lac et mer, magnifique. Nous longeons la montagne et décidons de pousser jusqu’aux sources de Suoi Voi dans le parc national de Bach Ma. Après une heure de trajet à travers des paysages hallucinants nous trouvons la vallée recherchée. Fréquenté mais heureusement nous arrivons après le rush, tout le monde part ! Après un peu de marche nous arrivons dans un havre de paix : une eau claire au milieu des rochers à l’ombre d’imposantes montagnes de la chaîne Annamite. Source extraordinaire avec température rafraîchissante ! Un paradis qui nous enlève toute la sueur et la crasse du voyage.
 
Retour vers Hué entre montagne et lagune, le ciel rougit et se couche derrière le relief. Sensation intense de liberté et de vivre un moment unique. La nuit tombée et à cours de pétrole nous arrivons juste à temps dans les rues encombrées de Hué. Soirée dans un resto végétarien puis dans un bar, et un autre pour abuser de la Danish Technology.

22 juin : De Huế à Hội An, 1123km
Obtenir de l’argent liquide (ces fameux milliers de Dong) est une vraie chasse au meilleur taux. Nous avons tous emporté des dollars US que l’on échange contre des dongs. Le meilleur taux de change se trouve chez les bijoutiers qui profitent du marché noir, et pas dans les banques. Alors c’est la tournée des bijouteries, mais encore faut-il les trouver, elles sont souvent dans la même rue !
Une fois mes billets en poche, je m’offre un petit-déjeuné typiquement français aujourd’hui : 2 pâtisseries pour 30,000D, encore l’arnaque mais quand même moins cher qu’en France. La colonisation a laissé quelques traces dans les habitudes culinaires vietnamiennes : baguettes et pâtisseries ! A 13h nous prenons le bus pour Hội An. En chemin, tombent nos premières gouttes de pluie depuis le début du voyage. La mousson attendue depuis Mai se fait attendre. La route s’élève et le bus traverse les montagnes. Ces reliefs marquent véritablement le passage entre le nord et le sud du pays. Le bus s’arrête devant la lagune de Lăng Cô devant le très impressionnant col de nuages (photo ci-contre). Mais la modernité va nous faire passer sous la montagne en empruntant le long tunnel vers Danang.
Les heures de bus sont l’occasion de parler avec les locaux et d’améliorer notre maigre vocabulaire. Chào ong (bonjour à un homme). Tôi tên là Julien ! Tôi là nguoi Phap (Je suis français)
Arrivée à Hội An, touristique (trop ?), les visages pâles déambulent partout dans les rues ! La ville jouit d’un riche patrimoine architectural qui témoigne de son importance commerciale. Au XVe siècle, la ville était l’un des plus grands comptoirs de l’Asie du sud-est, animé par les marchandes Japonais, Chinois et Européens. Aujourd’hui Hội An est le paradis du textile (soie) et de l’artisanat en tout genre. Avec Niels nous recherchons la « nourriture de rue » et évitons les restaurants. Dans l’ombre d’une rue mal éclairée nous trouvons une marmite de viande de chien ! Nous essayons avec une soupe de riz, un pain de farine de riz et quelques légumes. Pas mauvais.
Pour une fois soirée au calme a rédiger des cartes postales.


23 juin : Hội An
Encore une rencontre : avec Thoa, une jeune vietnamienne que Fatima a rencontrée hier soir dans un restaurant. Elle se propose de nous faire visiter les environs, et le meilleur moyen de se déplacer, c’est à vélo ! Alors direction la campagne avec notre guide. La mer, au village de Cửa Đại est à 5km, eau chaude et transparente encore un vrai bonheur. Thoa, peut-être un peu pudique de se baigner avec des étrangers, reste sur la plage avec veste et pantalon. Mais comment peut-elle supporter la chaleur avec de tels vêtements ? Les locaux sont souvent habillés en pantalon et manches longues, il n’y a que les touristes en short et tee-shirt ! Une protection contre le soleil, les moustiques et la poussière peut-être.
Sur l’eau de drôle d’embarcations circulaires servent à la pêche côtière. J’ai aidé à remonter l’une de ces barques, appelées «thúng chai», sur la plage avec d’autres pêcheurs, mais ça pèse un poids ces engins là ! Nous sommes ensuite partis explorer la campagne et les jardins de Cửa Đại : une terre d’abondance avec profusion de fruits et légumes, un paradis. Puis retour à Hội An pour réserver nos billets pour … Nha Trang ou Dalat, toujours après une dure négociation ! A 3 personnes, pas facile de se mettre d’accord. Je suis comme d’habitude toujours au milieu. Finalement ce sera pour Dalat. Un déjeuner au restaurant calmera les tensions. Excellent repas de fruits de mer au restaurant où Thoa travaille avec vue sur la rivière Sông Hoài.
Thoa décide de nous emmener chez elle, un village de l’autre côté de la rivière. Le meilleur moyen d’y aller est donc le bateau ! Des navettes fluviales effectuent de nombreuses traversées entre Hội An et les villages du fleuve (5000D la traversée). Les bateaux sont lourdement chargés en vélo et scooter. Retour au calme dans un village connu pour son artisanat. Nous atteignons finalement la maison de Thoa au bout d’une route bordée de palmiers et arbres en fleur. L’habitation est simple et confortable jouxtée par un poulailler et la rivière juste derrière. D’ailleurs les inondations en saison des pluies sont courantes.


Le salon est le centre de la maison, c’est la pièce où sont entreposés quasiment tous les meubles de la famille ! Canapé, buffet, table, télévision etc. Les autres pièces paraissent vides malgré le superbe carrelage qui recouvre l’intégralité de la maison. Une mezzanine fait office de chambre à couché au dessus du salon. Non loin de sa maison nous nous recueillons au temple qui prend une importance pour beaucoup de vietnamien (photo). Les moines, amis des parents de Thoa, sont heureux d’accueillir des étrangers. Rencontre avec le beau-frère et le grand père. Fou rire et complicité garantit quand on essaye de se faire comprendre ! La famille doit occuper une position sociale relativement élevée. Les enfants étudient à Saïgon ou Danang et parlent l’anglais (ce qui est rare au Vietnam). Thoa étudie les langues pour devenir guide touristique ou travailler dans le tourisme, un débouché porteur dans la région.
A 5h nous retournons à Hội An par le bateau. Court arrêt au marché pour acheter quelques fruits pour le trajet vers Dalat. Nous quittons Thoa avec un pincement au cœur en lui souhaitant le meilleur pour son avenir.

Carnet de voyage Asie 2 : Golfe du Tonkin et Hà Nội

17 juin : Bãi Cháy - Golfe du Tonkin, 165 km
Le peu de temps que nous consacre notre voyage à certains lieux nous poussent à fuir Hanoï et visiter l’une des splendeurs du Vietnam : la baie d’Halong. Mais dur de s’y retrouver dans une ville étrangère. Et cette inexpérience va nous coûter cher : prendre un minibus « local » sans être sur de la destination (Halong !). Aucun bus n’indique la direction « Hạ Long » et personne ne semble comprendre l’anglais. Alors nous nous laissons convaincre par un chauffeur qui nous affirme s’y rendre bien que la pancarte n’affiche pas la bonne direction. Après avoir attendu (30 minutes ?) que le véhicule soit suffisamment plein, le minibus prend enfin la route. Nous comprenons vite que le trajet va être épuisant : le minibus prend les gens et les déposent tout le long du trajet, en prenant bien le temps de se faire remarquer par les clients potentiels. Alors dans chaque village c’est un déluge de coups de klaxon.
Première expérience des transports locaux difficiles, la chaleur devient très vite intenable dans ce minibus chargé au maximum de sa capacité. Nous devons bien être 25 à nous entasser dans le véhicule et les réserves de nos gourdes s’épuisent rapidement. Chaleur, musique tonitruante, 5 heures après nous arrivons enfin à destination après avoir parcouru les derniers kilomètres en moto-taxi, les fameux Xe Ôm, on n’en pouvait plus !
Halong s’offre à nous à Bãi Cháy, la muraille de pitons rocheux au large nous laisse rêveur. Quelle magie. Nous passons notre après-midi sur la plage à l’ombre d’un parasol à siroter bière et noix de coco. Repos et douceur océanique plus que bienfaisant après la fournaise urbaine. La plage est bondée et pas forcément propre mais le rêve est là : l’une des plus belle baie du monde sous nos yeux.
De nombreux photographes proposent leurs services sur la plage. Beaucoup de vietnamiens ne possèdent peut-être pas d’appareil-photo.
Le soleil décline peu à peu, le ciel rougit sur les palmiers de la plage de Bãi Cháy. Nous organisons notre sortie dans la baie à l’hôtel : une mini-croisière à la journée.




18 juin : La Baie d’Hạ Long
Départ à 9h sur une jonque à moteur. Pour visiter la baie il est difficile d’éviter les croisières organisées sur une embarcation remplit de touristes à peau blanche, appareil photo en bandoulière. Cependant nous avons quand même déniché une offre intéressante : nous trois et des couples de vietnamiens sur la même embarcation ! Terrasse privée sur le pont avec banquette, table et auvent, on ne peut rêver mieux.
Première escale à l’île des Merveilles, une île loin d’être déserte. Beaucoup de touristes mais que des vietnamiens (vacances obligent)! Alors ça pousse et ça double lors de la visite de la grotte.
Retour au calme, sur notre terrasse avec vue, à admirer les milliers d’îlots qui passent devant nous. Droit devant le marché flottant : des maisons posées sur l’eau qui cachent de petites exploitations aquacoles. Nos marins font leur marché pour préparer le repas du midi : poisson, crevette etc. A l’heure du repas, tout le monde s’installe à une même table. Chacun se sert dans les nombreux plats présentés. Un délice et une franche partie de rigolade avec les vietnamiens. Le tout arrosé de bière et de Hanoï Vodka ! Alors un shooter ça passe mais 3 … Avec ça on se dit que ces gens ont la meilleur vie du monde : promener les touristes sur l’eau en fumant de la marijuana, buvant de la bière et partageant des festins avec les visiteurs ! Nous ferons la digestion sur l’île de Titop et sa belle plage de sable fin (à 10 000 D quand même !) en face du décor de la muraille de pierre qui nous entoure. Eau chaude, soleil, palmier, le rêve tropical. On se délasse et on évacue la sueur qui nous colle immanquablement à la peau.
A Titop il y a la plage, mais il y a aussi son point de vue. Après avoir gravit les centaines de marches qui mènent au sommet vous pourrez vous croire le roi de la baie : vue à 360° sur les pitons de calcaire posés sur la mer émeraude. Peu de mots pour décrire ceci.


Les milliers de pitons rocheux couleurs gris-verts se seraient formés dans le sillage d’un dragon (Ha Long signifie descente du dragon) descendant la montagne. L’eau aurait ensuite envahi son passage submergeant la baie. En réalité ces formations karstiques en «pain de sucre» sont caractéristiques de la dissolution du calcaire dans les régions tropicales humides.



Retour dans la fournaise Hanoïenne dans un bus de touristes chinois. En attendant Huy, nous mangeons dans un restaurant de Bao Khan le Rainbow.
Ces premiers jours en Asie sont vraiment épuisant. Je pense m’être assez bien habitué à la chaleur et la nourriture mais le contact avec les locaux est assez déconcertant. Les vietnamiens courent toujours après vous et votre argent que ce soit les taxis, les vendeurs de rue. Les étrangers paient souvent le triple des prix locaux. Pas évident de s’y retrouver avec cette liasse de billet : 1$ vaut 20 000 Dongs !
Rencontre manquée avec Huy et début de la galère pour trouver un taxi pour nous emmener dans le centre-ville de Hanoï. Nous arrêtons tous les taxis mais aucun des chauffeurs ne parlent anglais, ils ne sont même pas foutu de lire une carte ! Il est d’ailleurs probable qu’ils n’ont ni permis ni licence de Taxi. Mais ne pas reconnaître le centre-ville sur leur propre carte, il faut le faire !!! Il est déjà très tard et finalement après bien 40 minutes d’agitation Niels guide le chauffeur jusqu’à l’adresse d’un hôtel et il nous le fait payer le prix fort : 100 000 D ! On refuse de payer. Marre des arnaques, les billets filent à une allure impressionnante. On trouve une chambre, soulagement après cette soirée de galère. L’épuisement et la fatigue me plonge direct dans les bras de Morphée.


19 juin : visite de Hà Nội
Après une longue négociation pour avoir nos billets de bus pour Huế, nous avons le champs libre toute la journée pour découvrir un peu mieux Hanoï. La ville est pleine de charme avec ses lacs et ses avenues boisées. Nous visitons le temple de mont de Jade (Đền Ngọc Sơn) sur une île au milieu du lac Hoan Kiêm. Un havre de calme au milieu de cette ville animée. Le quartier des 36 Guildes est au contraire une frénésie de commerces et boui-bouis en tous genres. Chaque corporation de métiers occupe une rue : on trouve donc Hàng Bạc, la rue des orfèvres, Hàng Gai, le rue du chanvre etc.
A l’est, nous poursuivons vers le quartier des ambassades où se dressent de somptueuses villas gardées par de nombreux vigiles. Puis nous visitons le temple de la littérature remarquable par ses jardins et cours intérieurs.
La marche est épuisante sous une telle chaleur. Marcher coûte cher, car cela coûte de l’eau ! Sans eau pas de marche. Au prix de la bouteille d’eau (10 000D ou 0,5$), cela fait un budget. Heureux occidentaux qui n’ont qu’à tourner le robinet pour pouvoir boire. Ici la quête de l’eau est une préoccupation continuelle : tous les deux heures au moins il faut trouver un point d’eau ou une boisson pour se rafraichir.
Il n’y a pas que la chaleur qui est épuisante, le contact avec les locaux aussi. Le moindre achat demande d’intenses efforts de négociation. Nous avons toujours autant de difficultés à acheter quelque chose, les prix demandés sont vraiment exagérés et les négociations sont éprouvantes, d’autant plus que très peu de commerçants comprennent l’anglais ! On questionne Bao Nhiêu ? Et alors à coup de chiffres sur un bout de papier on tente en vain de faire baisser le prix demandé. Mais perdre 25 minutes pour acheter 7 nems, il faut vraiment être patient !
Ce soir j’attends dans la poussière le bus pour Huế, le premier est parti sans nous. Espérons que le prochain ne tarde pas trop … s’il y a un 2ème !
Finalement l’attente n’aura pas été trop longue. Le bus à couchette est assez drôle et paraît confortable. Mais quel trajet ! L’état de la route est déplorable, ça secoue dans tous les sens. Et mes boules quiès ne couvrent pas le bruit des klaxons. La nuit va être longue et périlleuse.

Carnets de voyage Asie : l'arrivée au Vietnam

15 juin 2010 : vol TG 931 Paris-Bangkok
Ca y’est, j’ai mon billet d’avion pour Bangkok ! Gros stress avant d’arriver à l’aéroport, il faut dire qu’on ne part pas tous les jours tout seul à l’autre bout du monde. Billet en poche le stress redescend et je réalise enfin ce qui m’arrive : un mois de voyage en Asie du Sud-est. Destination adulée par les backpackers du monde entier par sa riche culture et ses paysages de rêve. L’Asie offre un dépaysement radical pour les occidentaux : diversité des populations, des langues. Une culture influencée par la religion et des spécificités culinaires propres à chaque région.
Je ne vais pas voyager seul mais avec deux autres compagnons de route rencontrés par hasard sur la Toile ! Le réseau Couchsurfing est le lieu de rencontre des voyageurs avides de nouvelles expériences et de contacts avec les populations du monde entier. Quelques mois auparavant, Fatima, une australienne lançait un message à qui voudrait l’accompagner dans un road-trip à travers l’Asie du sud-est. Les dates du voyage me correspondaient, il ne restait plus qu’à organiser le trajet avec Niels, un Danois ayant également répondu à l’appel et Fatima ! Et c’est pourquoi nous nous sommes donnés rendez-vous demain à l’aéroport de Hanoï. L’un des rendez-vous les plus inattendus et les plus improbables que je puisse imaginer !
Sur le chemin de la porte d’embarquement première rencontre avec la population « locale » : un thaï qui travail dans le textile et qui va retrouver sa famille après 4 ans passé à Paris. Malgré son français très approximatif je ressens que l’émotion est grande pour lui et réalise par là les conséquences de la mondialisation…
Dans l’avion, le hasard me place à côté de Marie Christine : baroudeuse retraitée hors pair qui compte à son actif 85 pays et qui passe rarement plus de 2 semaines chez elle à Paris. Discussion enflammée autour des voyages, une sorte de passage initiatique pour mon manque d’expérience. Ce genre de vie est un choix, et elle a fait ce choix : voyager et abandonner toute vie familiale après 44 ans de dure labeur à travailler comme documentaliste. Elle est même un peu visionnaire et me prédit ces choix que je devrais un jour faire…
Je reste encore rêveur devant ce tableau de bord qui me montre la position de l’appareil sur la surface du globe : Europe puis Afghanistan, Inde, des pays survolés qui me font dire que la planète n’est finalement plus si grande avec les moyens de transport d’aujourd’hui.

16 juin : Rendez-vous : Hà Nội
Après 11 heures de vol, j’atterris à l’aéroport de Bangkok. Marie Christine fascinée par mon courage et mon projet me souhaite une belle et longue carrière de voyageur.
Le hall neuf de l’aéroport m’épargne le soleil et les 37°C qui règnent à l’extérieur. La fatigue m’assomme et je m’assoupis sur un banc pendant les 6 longues heures d’attente avant mon départ pour le Vietnam. J’embarque avec Vietnam Airlines pour Hanoï ! Il n’y a pas beaucoup d’occidentaux dans l’avion et je suis l’un des plus grands dans l’appareil.
J’arrive à Nội Bài airport dans une chaleur écrasante : 37°C ! Comment vais-je survivre dans cette fournaise pendant un mois ? Sitôt passé le contrôle de la douane, un chauffeur de taxi me poursuit car bien décidé à me conduire à Hanoï. Je ne suis pas encore très habitué à la manière dont les locaux abordent les touristes pour leur proposer leurs services. J’attends avec impatience et inquiétude le vol des couchsurfeurs qui arrivent de Hong-Kong sur le tableau des arrivées. Ils ont commencé le voyage 4 jours avant moi en Chine pour visiter la fascinante ex possession britannique. Mon emploi du temps ne m’a pas permis de les rejoindre là-bas mais l’occasion se représentera peut-être de découvrir cette étonnante ville dont beaucoup de gens m’ont rapporté les mérites.
Le vol s’affiche finalement 20 minutes avant leur arrivée .Je fais enfin la connaissance de Fatima et Niels avec qui je communique depuis quelques mois déjà sur ce fabuleux voyage ! Premier essai de marchandage pour négocier le meilleur prix afin d’aller en centre-ville. Fatima semble la plus habituée. Finalement c’est avec 30 000 Dongs que le minibus nous conduit vers la ville. Hanoï est situé dans la vallée du fleuve Rouge (ou delta du Tonkin) entouré de nombreuses montagnes qui offrent un décor spectaculaire à la vallée.
Sur la route le paysage m’éblouit et me fascine : les maisons étonnantes colorées et toutes en hauteur, la circulation monstrueuse de scooters et deux-roues, Hanoï ne laisse pas indifférent. Couleurs, poussières, senteurs, chaleur tous nos sens sont en éveil ! Les rues très arborées font respirer ces rues très poussiéreuses.

Ce soir pour notre première journée sur le sol vietnamien, nous avons rendez-vous avec Huy, un couchsurfeur local qui c’est proposé de nous héberger. Ce Vietnamien de notre âge habite un quartier pittoresque au sud de la ville. Il nous offre un merveilleux repas (pâtes avec légumes et sauce épicée) après cette longue journée éprouvante, rien de tel pour faire connaissance.
La date de mon voyage (Juin 2010) correspond également à un évènement d’importance mondial : la coupe du monde de football en Afrique du Sud. Malgré mon peu d’engagement pour ce sport, l’engouement de la population locale ne permet pas d’oublier un match retransmit à la télévision et dans tous les bars de la ville. On sort donc dans un bar animé en centre-ville. La nuit est tombée depuis quelques heures déjà mais il y a toujours autant de monde dans les rues et la température ne semble pas avoir descendue. Le bar se situe au 4ème étage d’un bâtiment du quartier historique des 36 Guildes, mais quelle souffrance, à chaque étage on gagne bien un degré ! Heureusement le bar est climatisé. Il y a beaucoup d’européens (français) et l’ambiance est à la fête, musique internationale et match de coupe du monde (Espagne-Suisse) ! Pas trop dépaysant mais l’atmosphère est survoltée et ponctuée par les coupures de courant. Remettez la clim, je me fous du match ! A l’extérieur la terrasse offre un point de vue incomparable pour une partie de billard sous l’instabilité électrique du ciel tonkinois.
Mort de fatigue, nous nous endormons tard dans une des chambres surchauffées de la maison de Huy.

7.9.10

Les conséquences de l'urbanisation à Hà Nội

La ville a de tout temps opposé le monde rural que ce soit en termes d’apport économique ou de mode de vie. L’intense développement urbain qui s’est opéré depuis le 20ème siècle a engendrée une forte concurrence entre ces espaces, et toujours en défaveur des activités agricoles. Cette situation est aujourd’hui particulièrement prégnante dans les métropoles des pays en développement où le développement urbain tentaculaire met en péril les activités traditionnelles.

Le delta du Tonkin dans le Nord du Viêtnam est, avec d’autres vallées fertiles (Nil, Mékong etc.), une des régions où la mise en valeur agricole a été intense. En résulte des densités de population records : plus de 400 habitants par km² dans le delta voir jusqu’à 1000 habitants par km² près des rives du Fleuve Rouge (1). Cet équilibre entre main d’œuvre et production agricole permis par la culture du riz est aujourd’hui menacé par l’extension urbaine de Hanoï. En effet l’ouverture du pays a donné une soudaine fièvre aux investisseurs et promoteurs ce qui fait pression sur les espaces périurbains.


Diversité des usages du sol dans la banlieue sud de Hanoï, Jousseaume, Juin 2010



Le projet Seek East Asian Rural Urban Synergy (SEARUSYN) en collaboration avec l’université de Wageningen propose une intéressante étude sur les conséquences de l’extension urbaine hanoïenne sur les activités agricoles (2). L’étude a été réalisée sur 2 districts périurbains de la région de Hanoï : Gia Lam et Long Bien.

Une urbanisation croissante impulsée par le développement des infrastructures
En tant que métropole (3 millions d’habitants) d’un pays en développement, Hanoï a un énorme besoin en infrastructure pour se moderniser. L’amélioration du réseau de communication (routier et ferroviaire) est cruciale pour éviter les encombrements et la saturation des routes. La motorisation des ménages engendre une circulation effroyable qu’il est encore très difficile de juguler. De plus le développement économique apporte son lot de zones industrielles qui vont bientôt encercler la ville. Des dizaines de projet sont en cours et ce n’est pas près de s’arrêter.
En conséquence l’urbanisation explose, principalement aux franges de la ville. De 1998 à 2003, 7000 ha de terres agricoles ont été urbanisées et la municipalité prévoit la disparition de 12 000 ha de terres agricoles d’ici à 2020 ! Les projets de développement urbain intègrent bien la protection d’une ceinture verte (Green Belt) autour de la ville, mais les activités agricoles ne semblent pas rentrer dans ce cadre … Quels sont donc les rôles et les compétences des autorités locales dans ces projets de planification ?

Gia Lam, un district périurbain en pleine évolution

Le district de Gia Lam divisé en deux administrations distinctes (Gia Lam et Long Biên) se situe à l’est de Hanoï par delà le fleuve Rouge. Sa proximité avec la ville a provoqué un intense développement résidentiel et industriel, réduisant considérablement les espaces agricoles. Le district de Long Biên a même le statut de district urbain. En peu de temps les infrastructures ont grandement évolué (construction de ponts, voies express etc.). Mais se développement n’est pas sans risque, la proximité du fleuve soumet cet espace aux crues annuelles durant la saison des pluies. Le maintien des pratiques agricoles est vital pour préserver et entretenir le dense réseau de canaux qui irriguent la plaine.

Les compétences des collectivités locales au Viêtnam
Comme en France, le Viêtnam possède une superposition de collectivités avec des compétences particulières. La région-capitale de Hanoï est subdivisé en 12 districts, eux-mêmes composés de plusieurs communes.
Pour les projets d’infrastructures publiques ou liés à la sécurité c’est le gouvernement ou la région d’Hanoï qui sont les décisionnaires. Les districts, communes et résidants n’ont aucun rôle.
Pour les projets privés (investisseurs, promoteurs etc.) la concertation se fait au niveau local et régional :
- Théoriquement les investisseurs doivent s’adresser aux districts qui travaillent avec les communes pour évaluer les besoins en foncier du projet. Après l’approbation du district, le projet est présenté aux différents services de la région de Hanoï. C’est finalement l’avis du service d’Aménagement et d’Investissement qui permet de lancer le projet.


- Dans les faits les investisseurs s’adressent tout d’abord au département d’Aménagement qui s’arrange avec les districts pour faire naître les projets. Par conséquent il y a très peu de refus.

- Pour les projets concernant la ville de Hanoï, la région-capitale a créé un comité d’aménagement étudiant l’évolution future de la ville (Board of Hanoï Capital Region Planning). Des représentants des 4 départements (service Aménagement et Investissement, service des Ressources naturels et de l’Environnement, service Architecture, et enfin service Génie Civil) participe à ce comité. Un plan global d’aménagement (masterplan) est établi en collaboration avec le Centre Régional d’Aménagement. Un projet d’aménagement doit avoir l’approbation de ces 4 instances pour être mis en œuvre.

Les conséquences de l’urbanisation sur le niveau de vie des agriculteurs
Face à la perte massive des terres allouées aux activités agricoles au profit de l’urbanisation, un très grand nombre d’agriculteurs ont été expulsés et se retrouvent aujourd’hui sans terre. On estime à 20 000 chaque année le nombre de « paysan sans terre » supplémentaire. Hanoï comptait 842 000 agriculteurs en 1995, ils n’étaient plus que 600 000 en 2003 !
Le plus dur pour ces foyers est donc de retrouver une activité rémunératrice. Les investisseurs sont normalement tenus de verser une compensation importante aux expropriés et de leur fournir un nouvel emploi. La municipalité s’engage également à proposer des formations professionnelles aux sans-emplois. Cependant l’argent reçu par les agriculteurs est rarement employé pour investir dans une nouvelle activité. Persuadé d’entré dans la modernité les expropriés se font construire des maisons onéreuses avec de nombreux équipements. Aucun support ou conseil ne les oriente sur ce qu’ils pourraient faire.
De plus les investisseurs hésitent à les employer dans leurs nouvelles usines car ils sont pour la plupart non-qualifiés. Les agriculteurs sont souvent prévenus a très court terme de leur expropriation, ce qui ne leur laisse pas de temps pour ce reconvertir. Les chômeurs se retrouvent en concurrence avec la masse de jeunes adultes arrivant sur le marché de l’emploi, ce qui rend la reconversion d’autant plus difficile.

Les conséquences sociales du recul massif de l’agriculture périurbaine sont importantes pour les ménages concernés. Le chômage apporte précarité et incertitudes souvent associé à la violence et la criminalité. La pauvreté concerne de très nombreux espaces périurbains. Les agriculteurs n’y possèdent plus de terre pour exercer leurs savoirs-faires et n’ont pas les qualifications nécessaires pour s’intégrer à cette nouvelle société en développement.

Quel rôle pour l’agriculture dans l’aménagement futur de la ville de Hanoï ?
Le plan global d’aménagement attribue des fonctions importantes à l’agriculture : elle doit fournir des vivres pour la ville et contribuer au marché de l’emploi dans les zones périurbaines. L’agriculture est également une ceinture qui doit faire rempart à l’urbanisation excessive, un espace privilégié pour développer l’écotourisme. Ces beaux projets ne semblent pas prêt de se réaliser ; le plan ne précise pas ce qu’il entend par « ceinture verte ». Il est probable que l’agriculture ne soit pas entièrement prise en compte. De plus les investissements attribués aux activités agricoles ne représentent que 3-4% du budget de la ville de Hanoï pour un espace considérable.

La concertation entre les acteurs des projets est indispensable pour améliorer les conditions d’installation des nouvelles implantations. Les services de la ville travaillent souvent chacun de leur côté sur un même projet ! Comment intégrer la diversité des problématiques et des enjeux (sociaux, environnementaux etc.) dans ces conditions ? Le conseil municipal souhaite également mieux informer les citoyens des projets et changement d’affectation du sol. Reste à trouver les outils de cette meilleur communication pour que les premiers concernés soit les mieux informés. L’amélioration des conditions de formations des expropriés est également un enjeu crucial pour ne pas exclure cette population de la société.
Malgré la masse de personnes travaillant dans le secteur agricole, cette activité ne génère que de faibles revenues en raison des conditions encore archaïques d’utilisation du sol. Les parcelles sont morcelées à l’extrême suite aux nombreuses successions d’exploitation. Par conséquent l’agriculture permet juste un approvisionnement local et ne permet pas d’être orienté vers l’exportation. Des réformes semblent nécessaires pour élever le profit des exploitants agricoles, cette activité pourrait prendre plus de place dans les décision d’aménagement et être mieux considéré parmi les corps décisionnaires.


(1) Lire GOUROU. P, Le Tonkin, Paris, Exposition coloniale internationale, 1931 et Les paysans du delta tonkinois, Paris, EFEO, 1936


(2) NGUYEN Vinh Quang, The impact of urbanisation on agriculture in Hanoï, SEARUSYN, Hanoï, Février 2005. Pour lire l’étude cliquez ici