Après une longue hésitation, des amis m’ont convaincu de publier mes carnets de voyage. C’est donc ici qu’ils prendront place, au moins ce blog servira à quelque chose ! Ces carnets sont issus des notes que je prends presque quotidiennement en voyage (souvent dans les transports) et relatent les expériences heureuses ou malheureuses, les moments partagés avec les rencontres de passages, les visites etc. C’est ainsi l’occasion pour vous de découvrir ce qui se cache derrière les beaux clichés que je peux ramener. La réalité est souvent plus dure ! Je m’attarde souvent à décrire et raconter l’histoire des lieux et villes que je traverse ainsi que la personnalité des personnes que je rencontre et la vie quotidienne du backpacker.

Que ces récits servent d'expériences à tous les voyageurs itinérants comme moi qui aiment parcourir le monde.

20.2.11

Carnet de voyage Asie 5 : le delta du Mékong

26 juin : le delta du Mékong, 2439km
Réveillé à 6h30 avec un sacré mal de crâne. La déshydratation liée à l’alcool sous les tropiques est accentuée avec la chaleur.
Rendez-vous au célèbre Sinh Café pour un tour dans le delta du Mékong. Pour une fois nous avons réservé un trajet «tout compris» dans une agence de voyage afin de visiter le delta et traverser la frontière cambodgienne sans encombre. Nous arrivons à Cái Bè, dominé par son église catholique, pour prendre le bateau. Visite très touristique du delta où on nous fait découvrir l’artisanat et la gastronomie locale : thé au miel, caramel au coco, riz soufflé etc. On se suit à la queue-leu-leu derrière les comptoirs pour touristes. Déplorable.
Je fais toutefois la connaissance de 4 français venant d’arriver au Vietnam et qui commencent un stage à l’hôpital de Saïgon. Nous déjeunons sur l’île du Sinh Café avec animation musicale et crocodile du delta !
Après cette balade fluviale nous débarquons à Vĩnh Long pour reprendre la route qui nous mène à la frontière cambodgienne. Et oui le Cambodge c’est pour demain !
En chemin le bus s’arrête, nous traversons le principal bras du Mékong en ferry. Sous un ciel gris menaçant, les ombres des gros cargos sur le fleuve sont vraiment fantomatiques. On se rend compte ici de l'importance vitale du fleuve pour l'économie de la région. Les gros nuages noirs annoncent la fin de notre périple au Vietnam. Nostalgie et inquiétude pour la suite du voyage.
Sur l’autre berge Long Xuyên, grande ville du delta. La route est maintenant rectiligne jusqu’à Châu Đốc. Seul les très nombreux ponts viennent agrémenter le trajet : grosses secousses à chaque passage. A mesure que l’on avance le brouillard se fait de plus en plus dense et l’atmosphère très enfumée. Rien de naturel, les rizières brûlent une nouvelle fois, pour le plus grand malheur de nos poumons.
Arrivé à notre hôtel à Châu Đốc, Fatima nous fait sa crise car elle ne veut pas donner son passeport à la réception, elle aura finalement à faire à un policier assez troublé qu’on le dérange pour si peu ! Grosse fatigue qui nous fait coucher à 21h pour une fois.


27 juin : la remontée du Mékong jusqu'au Cambodge, 2719km
Réveillé tôt, 6h, pour visiter les villages traditionnels le long du fleuve. On embarque sur des pirogues pour se diriger vers un village flottant : des maisons posées sur l’eau qui vivent principalement de l’aquaculture. Les cages à poisson sont sous les maisons comme dans à Halong. Puis visite d’un village Cham sur le bord du fleuve. Les Chams sont un peuple venu d’Indonésie il y a longtemps, ils sont donc musulmans et les femmes portent le voile. Ils semblent vivre de la vente d’étoffes et de tissu encore fabriqués de manière artisanale. Les maisons sont sur pilotis et portent la marque du niveau des crues annuelles. Les pieux des maisons sont rectangulaires pour empêcher les serpents, je reste sceptique. Notre fameux guide qui nous hurle chaque phrase 3 fois (Don’t forget anything in the bus !) nous sépare du groupe restant au Vietnam.
Je quitte les français en stage à Saïgon, furtive rencontre comme d’habitude et donne mon dernier billet de 20 000D à la meneuse de notre embarcation. Maigre consolation pour des femmes s’éreintant à promener les touristes sur le fleuve. Puis nous embarquons une nouvelle fois pour nous perdre dans les méandres des multiples bras du fleuve.
1h30 d’attente à la frontière pour faire le visa cambodgien dans une petite cabane sur pilotis, stressant et épuisant. En plus de cela, la faim commence à se faire vivement sentir. J’ai donné l’argent de mon déjeuner et il ne me reste plus que des dollars en poche. Il faudra donc attendre le Cambodge pour échanger de l’argent. Nous changeons de bateau et de drapeau : pavillon Cambodgien !
Nous allons attendre de longues heures dans cette jonque aménagée. Chacun s’occupe comme il peut et s’approprie le petit espace de notre embarcation, c’est aussi l’occasion de faire le bilan sur ce premier pays traversé.
A peine deux semaines pour découvrir ce pays sur plus de 2000km, c’est court ! Trop court. Malgré tout, les paysages traversés et les gens rencontrés resteront des expériences inoubliables. Ce pays socialiste reste encore peu visité des étrangers. Même dans les lieux les plus touristiques, la foule était rare, privilège de voyager hors-saison à condition de supporter les 37°C journaliers ! Voyager au Vietnam n’est pas facile. Tout d’abord à cause de la barrière de la langue. Même en ville, peu de vietnamiens parlent anglais. Seul le personnel des hôtels et restaurants comprennent le minimum et encore … Nous avons également renoncé à prendre les transports locaux. Notre expérience à Halong en minibus nous a refroidit. Mieux vaut négocier un ticket de bus dans une agence de voyage pour être assuré d’un minimum de confort et de ponctualité ! Une certitude : à refaire pour explorer d’autres lieux magiques que nous n’avons pu visiter.
Nous regardons le Cambodge d’un œil encore distant, les rives semblent encore plus pauvres que celles du Vietnam. L’élevage semble plus important mais les bêtes n’ont que la peau sur les os. Les sourires et les signes de la main sont pour l’instant les seuls contacts que nous échangeons avec la population locale. Les temples tous dorés contrastent avec la pauvreté, cela rompt la monotonie du paysage.
Enfin après plus de 6h de navigation nous atteignons une berge sous une pluie battante. Arrivé au milieu de nulle part, dans la boue, apparemment dans la maison du propriétaire de l’embarcation. Nous sommes accueillis par un drôle de chauffeur de mini-bus qui semble s’amuser de trouver des touristes complètement déboussolés, ne sachant pas à quoi s’attendre. Plus que quelques heures et nous arriverons à Phnom Penh. La belle route bitumée du début se transforme en cauchemar à cause des travaux.
Première impression du pays biaisée par le temps. La poussière s’est transformée en boue alors évidemment l’image est peu reluisante. L’horizon laisse entrevoir de larges espaces déboisés qui semblent à peine cultivés. Tous les 10 km d’immenses temples aux toits d’or apportent une note d’exubérance parmi les teintes vertes et grises du paysage. Les habitations sont toutes sur pilotis alors que les rivières semblent loin. Doit-on s’imaginer cette plaine totalement submergée à la saison des pluies ?
Arrivé à Phnom Penh en partie inondé sous 5 à 10 cm d’eau. Nous essayons notre premier tuktuk, cette cariole poussée par une mobylette très populaire en Asie mais inconnue au Vietnam.
Il nous embarque avec peine jusqu’à notre prochaine adresse : la rue 111 ! Phonm Penh doit-être la seule ville au monde à ne pas avoir de nom de rue. Alors pour s’y retrouver il y a des numéros, c’est somme toute assez pratique.
Affamé, le petit-déjeuner matinal est descendu depuis longtemps et épuisé, nous rencontrons Robert, couchsurfeur australien d’une cinquantaine d’année. Ce businessman a pas mal baroudé et a traversé l’Asie du sud-est en vélo (Singapour-Cambodge). J’avoue que je ne demande qu’à manger et à trouver un repos bien mérité. Mais l’accueil chez un habitant n’est pas l’hôtel ! La rencontre avec nos hôtes nous obligent à nous adapter et à échanger même si on n’a pas trop la tête à ça après une journée d’aventure. Les rencontres sont l’essence même de notre voyage alors on oublie sa fatigue et on passe du temps à discuter.
Très attendu dîner dans un restaurant cambodgien, peu différent de la cuisine vietnamienne à part le prix, la soupe de noodles est à 6000 real ici (1,5$ alors que 40 000D au Vietnam, 2,2$).
Le sommeil ne se fait pas attendre après cette dure et longue journée. Repos de roi dans un petit palace très confortable au 7ème niveau d’un immeuble dominant la capitale.

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