Après une longue hésitation, des amis m’ont convaincu de publier mes carnets de voyage. C’est donc ici qu’ils prendront place, au moins ce blog servira à quelque chose ! Ces carnets sont issus des notes que je prends presque quotidiennement en voyage (souvent dans les transports) et relatent les expériences heureuses ou malheureuses, les moments partagés avec les rencontres de passages, les visites etc. C’est ainsi l’occasion pour vous de découvrir ce qui se cache derrière les beaux clichés que je peux ramener. La réalité est souvent plus dure ! Je m’attarde souvent à décrire et raconter l’histoire des lieux et villes que je traverse ainsi que la personnalité des personnes que je rencontre et la vie quotidienne du backpacker.

Que ces récits servent d'expériences à tous les voyageurs itinérants comme moi qui aiment parcourir le monde.

15.1.08

Quand le sous-sol s'échauffe!

A 6h de bus d’Auckland, nous rentrons dans le cœur chaud de la Nouvelle Zélande, là où se rencontre les puissances de la Terre à l’origine de l’émersion du pays ! Destination Rotorua, la ville qui sent l’œuf pourri et où des émanations d’hydrogène sulfuré s’échappent des fissures du bitume ! Pensez donc, la région de Rotorua est le paradis des géologues et géophysiciens grâce à ses phénomènes géothermiques, ses sources bouillonnantes, ses volcans et multiples autres manifestations de l’activité terrestre.


La Nouvelle Zélande est situé la chaîne de montagne péripacifique au contact des plaques Pacifique et Indo australienne. Cette marge active se caractérise donc par la présence de volcans actifs (Ruapehu, Tarawera, White Island, Ngauruhoe) situés entre la Bay of Plenty et le plateau volcanique au centre le l’île du Nord. C’est la proximité d’un réservoir magmatique à environ 1 Km de la surface qui permet ces manifestations géologiques. Le geyser de Waimangu détient le record du monde du jet le plus haut : 300m. On peut également admirer de nombreux bassins d’eaux bouillonnantes aux couleurs très variées dépendant de la composition chimique des gaz.

Les Pink and White terraces étaient l'une des plus belle création réalisé par l'activité magmatique. Ces terraces de silice où coulait une eau bleu ou rose ont été détruite par l'éruption du Tarawera en 1886. L'explosion détruisit en partie le sommet du volcan et creusa une profonde tranchée dans la montagne. L'éruption créa également le système hydrothermal de Waimangu valley où se trouve la plus abondante source d'eau chaude de la planète.
Ci-dessus, le parc national du Tongariro avec les lacs émeraudes.
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Localiser les sites d’activité volcanique de Nouvelle-Zélande

Tribulations d'un Européen au pays des Kiwis

Après avoir situé la Nouvelle Zélande dans son contexte maori, vient le temps de l'explorer. Voici les premières impressions de la journaliste britannique Lynn Barber aux antipodes :


"Deux de mes meilleurs amis sont néo-zélandais. Quand je leur ai annoncé que j'allais visiter leur pays natal, tous deux m'ont avertie, sans se concerter : "Les paysages sont magnifiques, les gens très accueillants, tu vas détester." Sur le coup, je me suis sentie offensée, mais à présent je comprends ce qu'ils sous-entendaient. La Nouvelle-Zélande est un paradis terrestre à bien des égards - un pays propre, une terre vierge, intacte, à l'air vivifiant - où se déploient des paysages plus époustouflants les uns que les autres : sommets couronnés de neige, splendides forêts, plages inexplorées, fjords, glaciers, volcans, geysers, bassins de boue, îles désertes... Un florilège des plus beaux paysages anglais et écossais, agrémenté des petites curiosités géologiques dont parlent nos manuels de géographie. Et il n'y a pas de serpents ! Ni de prédateurs ou d'insectes dangereux ; rien, en somme, dont il faille s'inquiéter.


Et c'est peut-être là le problème. J'ai toujours pensé que le paradis devait être ennuyeux, et les Néo-Zélandais sont certainement de cet avis puisqu'ils dépensent toute leur énergie intellectuelle à inventer des sports extrêmes. Pour apprécier ce pays, il faut aimer les activités de plein air, être non-fumeur (sur ce point, les "Kiwis" sont encore plus rigides que les Californiens), mais aussi sportif, conformiste et peu exigeant en matière de culture. Tout l'inverse de moi ! Il faut également être un randonneur-canotier-campeur-skieur-coureur-alpiniste-kayakiste aguerri, être disposé à parler rugby vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, éprouver un intérêt sincère et sans bornes pour la culture maorie et croire dur comme fer que le saut à l'élastique est la plus grande invention du XXe siècle.
Oubliez Katherine Mansfield (la plupart des Néo-Zélandais l'ont fait), sir Ernest Rutherford (physicien précurseur de la fission nucléaire) et la soprano dame Kiri Te Kanawa, et dites-vous que les Néo-Zélandais les plus illustres sont A. J. Hackett (l'inventeur du saut à l'élastique), Edmund Hillary [le premier alpiniste ayant atteint le sommet de l'Everest], Peter Blake (deux fois vainqueur de l'America's Cup, assassiné récemment par des pirates en Amazonie), Peter Jackson [réalisateur du Seigneur des anneaux], Russel Crowe [acteur : Gladiator, Un homme d'exception] et Rachel Hunter (mannequin, longtemps connue sous le nom de Mme Rod Stewart) ; sans oublier Jonah Lomu ni les quelque cinq cents autres rugbymans dont les noms vivront à jamais au panthéon du pays des Kiwis. Pour remédier au problème de l'inappétence culturelle, la Nouvelle-Zélande a tout simplement jeté la culture aux oubliettes.
Au musée national Te Papa, ce sont les attractions interactives qui remportent le plus grand succès, comme la tonte virtuelle des moutons et, cela va sans dire, le saut à l'élastique."


Naissance du monde

Ranginui et Papatuanuku
Loin de notre culture judéo-chrétienne et de notre histoire gréco-romaine, je vous propose de découvrir les mythes des peuples polynésiens maoris.

La formation de la Terre et sa découverte chez les maoris, peuple du Pacifique.

La naissance du monde commenca tout d’abord par le plus beau sentiment qu’il puisse exister : l’amour ! Ce monde naquit en effet de l’union entre Ranginui, le ciel, et Papatuanuku (Papa), la Terre. Rangi le couvrit ensuite de plantes, d’arbres et de reptiles .Des oiseaux, des animaux prirent vie dans la végétation et des poissons dans la mer. Et les enfants de l’union Ranginui et Papa décidèrent de briser la sombre étreinte de leurs parents pour faire apparaître au monde la vie à la lumière du jour. Tane, le dieu des arbres et des animaux parvint à les séparer détachant ainsi le ciel de la terre ce qui fit tomber la pluie issue de leurs larmes. Cette séparation aboutit à la discorde entre les différents Dieux, tous maîtres d’une catégorie des éléments du monde : Tawhiri le dieu des vents, Tangaroa dieu de la mer, Tumatuenga dieu de la guerre ou Rongo dieu des terres non cultivés. Rangunui et Papa tombèrent alors sous les menaces de Tane qui les dévora. Les demi-dieux créèrent enfin l’homme et la femme modelé dans de l’argile rouge. Mais Tane ne laissa pas à l’homme l’opportunité de connaître la femme. Il s’accoupla avec elle, ce qui engendra une fille puis il la prit elle-même pour épouse. Découvrant la relation incestueuse de ces parents, elle se réfugia dans le monde des ténèbres dont elle devînt la gardienne.

Création d'Aotearoa

A l'origine de la création de la Terre des maoris, sont les péripéties et les imprudences du personnage de Maui. Ce pseudo-dieu peut se vanter de quelques exploits : il emprisonna le soleil au lasso en le forçant à ralentir sa course et ainsi allonger la durée du jour pour le bien être des Hommes. L'aventureux Maui se risqua également à entrer dans le corps de Hine-nui-te-po, déesse de la nuit, pour s'y approprier la mortalité. Mais cela lui fut fatal lorsqu'elle l'écrasa entre ses cuisses, le rendant sur le coup le premier mortel! Mais la plus grande découverte de cet être légendaire fut une pêche miraculeuse : le poisson de Maui ou Te Ika A Maui en maori, c'est à dire l'île du Nord d'Aoteraroa! Il fallut maintenant un explorateur pour découvrir Te Ika A Maui et cet explorateur sera Kupe. Ce navigateur polynésien originaire de Hawaiki (îles mi-légendaires, mi-réelles d'où sont originaire les maoris) aurait atteint l'île-rêvée après un long voyage dans l'océan Pacifique guidé par un petit oiseau et la course des astres dans l'immensité Céleste. Sa femme l'accompagnant s'écria : "Un Nuage" en s'approchant du but. Le poisson de Maui embrumé d'une écharpe blanche était en vue! Kupe coupa alors le poisson en deux expliquant la partition de l'île et accosta au Cape North sur Aotearoa, "le pays du long nuage blanc".

Le monde vu du Pacifique Sud

La Nouvelle Zélande, un pays isolé, en marge du monde contemporain malgré sa présence dans "les pays du Nord", héritage de colonisation. Une nation où l'identité s'affirme difficilement entre fidélité à la couronne britannique et ses horizons océaniens.

Une drôle de situation qui a forgé un sentiment national particulier basé sur l'appartenance à une même terre et une courte histoire commune. L'isolement joue comme un facteur déterminant dans l'état d'esprit néo-zélandais. Il ne constitue plus une contrainte mais un atout qui marque un protectionnisme et un sentiment de repli sur soi très marqué. Perdu dans les masses océaniques, la distance joue comme un effet protecteur face aux tribulations extérieurs. L'archipel est encore considéré comme un éden vierge et inviolable où la préservation de la nature est le soucis numéro un car ces paysages propres à l'archipel constituent, l'image, la vitrine du pays. Le travail de la Terre est la base de l'économie avec l'exportation de nombreux produits agricoles provenant de l'élevage ou de la production fruitière à contre-saison. Cette obsession protectionniste se traduit par des contrôlles sanitaires draconniens aux ports et aéroports pour protéger le "bastion" néo-zélandais. Les lois sur l'écologie sont parmi les plus avancés : chaque produit fabriqué est suivit jusqu'à sa fin de vie où les entreprises doivent se préoccuper de leur élimination.



Mais ce mythe d'une société pastorale en harmonie avec la nature ne fut qu'une façade car la Nouvelle-Zélande fut très tôt une société urbaine (60% de la population vit dans les 4 plus grandes villes du pays!). Il y a cependant un paradoxe entre ce repli protectionniste et le besoin de reconnaissance devant les autres Etats du monde. La frustration de n'être qu'un état méconnu et sans-cesse rapporté à sa rivale la grande soeur australienne avait fait naître un sentiment d'infériorité dans cette nation australe. L'Australie et la Nouvelle Zélande longtemps considérées comme des nations de seconde classe devant la mère-albion et qui se manifeste par le terme "cultural cringe", expression s'appliquant au sentiment d'infériorité. Cependant la recherche d'une identité entre ces 2 pays les éloignent plus qu'elle ne les raprochent.

"Pour l'Australien, le Kiwi est est un paysan mal dégrossi, lourd un peu de ce que l'Irlandais Paddy est aux anglais. En retour les Kiwis ne voient en l'Australien typique qu'un individu braillard, pochard, phallocrate, mieux pourvu en muscles qu'en cervelle." (F.Tolron)

Auckland la ville qui bronze loin de la Grande Bretagne

On ne peut aller en Nouvelle Zélande sans passer par Auckland et ... sans en parler. Cette ville qui rassemble 25% de la population montre bien la société néo-zélandaise et surtout sa diversité.


Faisont tout d'abord un point sur la situation unique de la ville. En effet si vous atterrissez à Auckland ne soyez pas surpris d'amorcer la descente en plein océan! La piste d'atterrissage de l'aéroport de Manukau n'appairaitra devant vous qu'au dernier virage car la ville est entourée d'eau. Auckland à la situation unique de se trouver sur 2 mers à la fois : la mer de Tasman et l'Océan Pacifique et entre les baies de Manukau et Waitemata Harbour. Cela a valu à la ville le surnom de "City of Sails", la ville des voiles grâce à ses milliers de voiliers. Si Auckland n'est pas la capitale, se rôle a été laissé à Wellington en 1865, elle reste cependant le coeur économique et la porte d'entrée du pays. Auckland, une ville à l'américaine avec ses milliers de maisons individuelles et son Downtown hérissé de grattes-ciels dont la célèbre Sky Tower, plus haut building de l'hémisphère Sud. Auckland est aussi un melting pot coloré et l'image d'une société multiculturelle, en effet près de 40% de la population n'est pas Pakeha (blanc d'origine européenne) mais brown. La population de la ville se divise entre les Pakehas, les Maoris (11,1%), les Islanders migrants des îles du Pacifiques (14%) et les Chinois (19%) -d'après le recensement 2006. Et c'est majoritairement au sud de l'agglomération que se concentre les polynésiens et non-pakehas. Auckland est la plus grande ville polynésienne du monde regroupant des Samoans, des Tonguiens, des Niuéens qui sont nombreux à quitter leurs confettis insulaires surpeuplés et s'installer dans les quartiers d'Otara, de Mangere ou d'Otahuhu. L'intégration de ces populations ne fut pas toujours facile, souvent confrontées au racisme et à l'exclusion, les polynésiens ont encore un taux de chômage plus élevé que la moyenne (7% contre 3,8% en 2005). Le livre du pakeha-maori Alan Duff L'âme des Guerriers illustre avec violence les conditions des minorités dans un ghetto d'Auckland. Mais ce multiculturalisme s'affirme de plus en plus et les populations n'hésitent plus à montrer leurs origines. Elles conservent maintenant leurs racines et leur histoire. Les écoles bilingues en maori, tonguien, samoan fleurissent au sud d'Auckland pour préserver la langue et l'identité polynésienne et pacifique qui devient une composante majeure de l'identité du pays.
"En 2025, la population de ce pays sera majoritairement brune. Mêler les cultures européenne, maorie et polynésienne est aussi le moyen pour ce pays d'être unique" (Sam Sefuiva) ci dessus : Diversité au marché d'Otara
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